Le différend opposant la République du Mali au géant minier Barrick Gold vient de connaître un tournant décisif. Le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), organe affilié à la Banque mondiale, a récemment débouté la multinationale de sa demande visant à accélérer la procédure d’arbitrage engagée contre l’État malien.
Déposée en décembre 2024, cette requête d’urgence de Barrick cherchait à obtenir un traitement prioritaire de plusieurs contentieux : la détention de certains de ses employés, la nomination d’un administrateur provisoire pour le complexe minier de Loulo-Gounkoto, ainsi que la question de la durée du permis d’exploitation aurifère.
Ce bras de fer juridique, entamé en 2023, s’inscrit dans un contexte où le gouvernement malien a entrepris de renforcer sa souveraineté économique, notamment à travers le nouveau Code minier adopté en 2023. Ce texte prévoit une hausse des prélèvements fiscaux et une participation plus importante de l’État – jusqu’à 30 % – dans les projets miniers opérant sur son territoire.
Le rejet par le CIRDI de la procédure accélérée est perçu à Bamako comme une victoire symbolique et stratégique, confirmant la légitimité des mesures prises par le gouvernement pour protéger les intérêts nationaux. Cette décision renforce la position du Mali dans les négociations en cours et rappelle que les recours d’urgence ne peuvent se substituer au déroulement normal des procédures internationales.
Barrick devra désormais poursuivre l’arbitrage selon le calendrier habituel du CIRDI. Et ce, malgré l’accord provisoire conclu en février 2025, par lequel la société s’était engagée à verser 275 milliards de francs CFA (environ 438 millions de dollars US) afin de clore un différend fiscal. La persistance du litige illustre la complexité des enjeux entourant l’exploitation aurifère au Mali, pays dont l’or constitue l’une des principales sources de revenus publics.
Cette décision pourrait marquer une étape clé dans la redéfinition du partenariat entre l’État malien et les compagnies minières étrangères. L’avenir du secteur dépendra désormais de la capacité des deux parties à instaurer un dialogue équilibré, respectueux du cadre légal national et garantissant la durabilité des opérations au bénéfice de toutes les parties prenantes.
Aimé Kouassi
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