Située au cœur de la région de l’Indénié-Djuablin, la forêt classée de Beki représente aujourd’hui une approche innovante de la gestion forestière en Côte d’Ivoire. Grâce au Projet d’Investissement Forestier-Phase 2 (PIF2), cette zone protégée devient un terrain d’expérimentation où agroforesterie, conservation de la biodiversité et développement durable convergent.

Lors d’une mission organisée les 6 et 7 mai 2025 , à Abengourou, une délégation de journalistes et d’acteurs agricoles a pu constater l’avancement de ce projet. Sous la direction du Colonel Dosso Amara et du Commandant Tiéoulé Fabrice, cette visite a mis en lumière les efforts déployés pour concilier production agricole et restauration forestière.

Dans un pays où plus de 60 % de la population dépend de l’agriculture, la forêt ivoirienne a subi une forte pression au fil des décennies, avec une perte de près de 90 % de sa surface originelle. Face à ce constat, le PIF2 propose une approche intégrée permettant de restaurer l’écosystème forestier tout en soutenant les producteurs agricoles.

Avec plus de 300 000 hectares d’agro-forêts en cours de déploiement, principalement dans les bassins cacaoyers, cette initiative met en avant des essences forestières précieuses, telles que le Bété, le Tiama et l’Acajou. L’objectif est multiple : améliorer la fertilité des sols, réguler le microclimat, favoriser la biodiversité et assurer une meilleure rentabilité aux agriculteurs.

Lors de cette immersion, quatre sites majeurs ont été explorés : Une parcelle agroforestière diversifiée, qui démontre l’intégration réussie du reboisement et des cultures agricoles ; La parcelle P 19-19/2, s’étendant sur 34,83 hectares, avec des essences locales adaptées à la régénération ; La parcelle “DG” (P 19-95/6), qui illustre un équilibre entre rentabilité économique et préservation écologique et la parcelle semencière P 19-97/7, essentielle pour produire des semences forestières de qualité.

Cette approche permet non seulement d’améliorer la gestion forestière mais aussi de répondre aux exigences internationales en matière de durabilité et de traçabilité, notamment pour le cacao ivoirien.
Vers une gouvernance forestière moderne
La forêt classée de Beki, étendue sur 16 100 hectares, fait partie d’un ensemble forestier plus vaste de près de 42 900 hectares. Longtemps exposée aux défis du foncier, aux incendies et à l’exploitation illégale, elle bénéficie aujourd’hui de nouvelles stratégies de gouvernance impliquant des concessions à long terme et une collaboration entre acteurs privés et institutions publiques.

Le Centre de semences forestières d’Abengourou joue un rôle central dans cet effort, produisant des plants adaptés au changement climatique et à la restauration des forêts.



Rappelons que le projet PIF2 montre qu’il est possible de concilier rentabilité, justice sociale et préservation de l’environnement. L’agroforesterie s’impose désormais comme une solution de souveraineté alimentaire et climatique pour la Côte d’Ivoire, avec l’ambition d’être un modèle pour tout le continent africain.
Julien Koffi,
Envoyé spécial à Abengourou
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