La Côte d’Ivoire mise sur son secteur minier pour stimuler sa croissance économique

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Le secteur minier ivoirien se positionne comme un pilier stratégique de la croissance économique nationale. Fort de son important potentiel géologique, le pays entend transformer ses ressources naturelles en levier de développement durable à travers une politique ambitieuse articulée autour de la gouvernance, de l’intensification et de la diversification de la production minière.

Une production en pleine expansion

L’année 2023 marque une étape cruciale pour l’industrie minière ivoirienne. La production d’or, moteur principal du secteur, est en progression constante. De 48 tonnes en 2022, elle devrait atteindre 52 tonnes en 2023, notamment grâce à l’entrée en production des mines de Séguéla et de Lafigué, opérées respectivement par les compagnies canadiennes Roxgold et Endeavour Mining.

Le nickel suit également une trajectoire ascendante avec une production attendue de 1,9 million de tonnes en 2023, contre 1,84 million en 2022, grâce à l’amélioration des infrastructures logistiques. Une hausse supplémentaire à 2,1 millions de tonnes est projetée pour 2024. Le manganèse, bien qu’en légère baisse en 2023 (900 000 tonnes), devrait reprendre sa croissance en 2024 avec la réactivation de la mine d’Odienné.

Quant à la bauxite, la reprise de la mine de Bongouanou permet une relance significative de la production avec 189 000 tonnes prévues en 2023, et 210 000 tonnes en 2024. En revanche, la production de diamant, essentiellement artisanale, est en recul, en raison de l’épuisement des gisements accessibles.

Une stratégie de développement ambitieuse

Le gouvernement multiplie les initiatives pour structurer et professionnaliser le secteur. Parmi les projets phares, figurent :

  • Le renforcement du Processus de Kimberley pour assurer la traçabilité des diamants.
  • La poursuite du Programme National de Rationalisation de l’Orpaillage (PNRO), avec la création de chantiers écoles, la réactivation de 100 comités techniques locaux et la répression des activités illicites.
  • Le Projet de Développement Minier Intégré de l’Ouest (PDMIO), qui mobilise d’importants investissements internationaux pour l’exploitation de gisements de fer, nickel et cobalt.

Par ailleurs, plusieurs projets miniers avancés verront leur concrétisation en 2023-2024, dont l’exploitation de gisements d’or à Aféma, Fonondara et Kani, ainsi que le développement de mines de colombo-tantalite (Issia), nickel-cobalt (Sipilou) et minéraux lourds (Sassandra).

Un impact économique significatif

Les retombées économiques du secteur sont notables. En 2022, le chiffre d’affaires déclaré par les sociétés minières s’élève à 1 422,55 milliards de FCFA, soit une progression de 23,25 % par rapport à 2021. Les investissements, quant à eux, devraient dépasser 500 milliards de FCFA en 2023, principalement orientés vers la construction de nouvelles mines.

La contribution des entreprises au développement local s’intensifie également. En 2022, les sociétés ont versé 7,11 milliards de FCFA aux Comités de Développement Local Minier, en hausse de près de 38 %. Les recettes fiscales du secteur, elles, ont bondi à 351,49 milliards de FCFA, traduisant l’essor de l’activité extractive.

Une politique réformatrice pour un secteur plus compétitif

Afin de soutenir cette dynamique, le gouvernement a engagé plusieurs réformes structurantes. Parmi les mesures en cours figurent l’adoption d’un document de politique minière pour la période 2022-2026, la révision du Code minier de 2014, la mise en place d’une infrastructure géologique moderne, ainsi que la création d’un laboratoire national d’analyses minérales.

L’organisation du premier Salon Ivoirien des Mines et Carrières et la construction d’une usine d’affinage d’or par la SODEMI viennent compléter ce dispositif.

Une décennie de progrès

En dix ans, la Côte d’Ivoire a multiplié par quatre sa production d’or et élargi son portefeuille minier avec l’ouverture de nouvelles mines de nickel, bauxite, et colombo-tantalite. Ce développement témoigne de la réussite des réformes engagées et de la volonté de faire du secteur minier un moteur de croissance inclusif et durable.

Dynamique de la Production Minière en Côte d’Ivoire : Bilan 2019-2022 et Perspectives 2023-2024

Le secteur minier ivoirien continue d’afficher une croissance soutenue, consolidant sa place comme l’un des piliers de l’économie nationale. De 2019 à 2022, les données révèlent une hausse significative de la production de plusieurs minéraux clés, à l’exception de quelques baisses ponctuelles liées à des contraintes techniques ou économiques. Les prévisions pour 2023 et 2024 confirment une tendance haussière, notamment pour l’or, le nickel et le manganèse.

Production Minière : Évolution par Minéral

Or

La production d’or, moteur principal du secteur, est passée de 32,568 tonnes en 2019 à 43 tonnes en 2022, marquant une progression régulière. Les prévisions tablent sur une augmentation à 45 tonnes en 2023 et 47 tonnes en 2024, portée par l’ouverture de nouveaux gisements et l’optimisation des capacités existantes.

Manganèse

Après un pic à 1 325 525 tonnes en 2020, la production de manganèse a chuté à 800 000 tonnes en 2022, probablement en raison de la baisse de la demande mondiale ou de difficultés d’exploitation. Néanmoins, une reprise est anticipée avec des prévisions de 850 000 tonnes en 2023 et 900 000 tonnes en 2024.

Nickel

Le nickel connaît une croissance remarquable, avec une production qui a presque triplé entre 2019 (660 144 tonnes) et 2021 (1 764 150 tonnes). En 2022, elle atteint 1 850 000 tonnes, avec des prévisions de 1 900 000 tonnes en 2023 et 1 950 000 tonnes en 2024.

Bauxite

Les données sur la bauxite sont plus limitées, avec seulement 272 294 tonnes enregistrées en 2020. Aucune information n’est disponible pour les autres années, suggérant soit une production marginale, soit un manque de reporting.

Diamant

Le diamant, quant à lui, enregistre une baisse constante : de 4 122 carats en 2021 à 2 500 carats en 2022, avec des prévisions pessimistes pour 2023 (2 400 carats) et 2024 (2 300 carats). Cette tendance peut être attribuée à l’épuisement des gisements ou à des choix stratégiques d’exploitation.


Chiffres Clés de l’Économie Minière (2012-2022)

Sur la période 2012-2022, le secteur minier a généré des revenus importants pour l’économie ivoirienne, atteignant des dizaines de milliards de FCFA, renforçant l’attractivité du pays auprès des investisseurs internationaux. Les recettes issues des exportations minières, combinées aux taxes et aux redevances, ont joué un rôle significatif dans la consolidation budgétaire de l’État.


Projets Miniers à Court et Moyen Terme

De nombreux projets sont en cours de développement ou en phase de faisabilité. Ces projets couvrent principalement l’or, le lithium, le manganèse et le nickel, avec l’ambition d’accroître la valeur ajoutée locale et de stimuler l’industrialisation du pays.


Contenu Local Minier et Développement Communautaire

La mise en œuvre du Contenu Local Minier (CDLM) vise à maximiser les retombées économiques pour les communautés locales, à travers l’emploi local, la sous-traitance nationale et la formation. Les comités de développement local minier (CDLM) ont permis la réalisation de plusieurs projets communautaires (écoles, centres de santé, forages) avec des budgets conséquents.

Le secteur minier ivoirien confirme sa robustesse et son potentiel de croissance à long terme. Grâce à une gouvernance améliorée, des investissements en hausse et une politique axée sur le développement local, la Côte d’Ivoire se positionne comme un acteur minier incontournable en Afrique de l’Ouest.

L’Orpaillage Illégal en Côte d’Ivoire : Un Défi Environnemental et Socio-économique Majeur

L’exploitation des ressources minières en Côte d’Ivoire est en pleine expansion, mais la ruée vers l’or s’accompagne de conséquences désastreuses, notamment à travers l’orpaillage illégal. Cette pratique, qui touche 30 des 31 régions du pays, représente un défi crucial pour la biodiversité, l’économie et le tissu social ivoirien.

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Lors de la 3ème édition des Awards de l’économie,  samedi 16 novembre, Pascal Anokan Ettien, président de la Commission HSE du Groupement Professionnel des Miniers de Côte d’Ivoire, a souligné l’impact dévastateur de l’orpaillage illégal sur la flore et la faune. Présentée comme une simple activité de survie pour certaines communautés, elle est en réalité une menace sérieuse pour l’environnement.

Selon lui, l’orpaillage illégal se définit comme une activité aurifère sans autorisation, souvent menée dans des zones où de grandes entreprises détiennent des permis d’exploitation. Environ 70 % des 360 sites d’orpaillage identifiés sont clandestins, entraînant une exploitation sauvage des ressources naturelles. Cette situation entraîne une dégradation alarmante de l’environnement, notamment par le déboisement et la pollution des cours d’eau, affectant les écosystèmes locaux.

La Côte d’Ivoire abrite une biodiversité riche, avec 232 espèces de mammifères et 730 espèces d’oiseaux. Cependant, l’orpaillage illégal met cette diversité en péril. Des études menées dans la région d’Ity révèlent une destruction significative du couvert végétal et une pollution du fleuve Cavally. Ces impacts environnementaux compromettent non seulement la faune et la flore, mais également les moyens de subsistance des communautés locales qui dépendent de la nature pour leur survie.

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Sur le plan économique, l’orpaillage illégal génère des pertes colossales pour l’État. En 2023, il a été estimé que 1500 à 2000 milliards FCFA ont échappé aux coffres publics, alimentant des activités illégales et terroristes. Socialement, cette activité dégrade les terres agricoles et réduit l’accès aux ressources naturelles essentielles, aggravant ainsi la vulnérabilité des populations locales.

Recommandations pour un avenir durable

Pour contrer ces effets néfastes, plusieurs recommandations ont été formulées :

  1. Étude approfondie sur l’état des lieux de l’orpaillage en Côte d’Ivoire.
  2. Amélioration du cadre réglementaire et alignement des pratiques sur les standards internationaux.
  3. Renforcement des mécanismes de surveillance et création de comités multipartites.
  4. Dynamisation des initiatives de reboisement et de protection de la biodiversité.

Des initiatives prometteuses, telles que la création de zones de conservation à Agbaou Gold Mine, montrent qu’il est possible de concilier exploitation minière et protection de l’environnement. Ces projets de reforestation et de sensibilisation des communautés locales illustrent un engagement vers un développement durable qui pourrait servir de modèle au niveau national.

L’orpaillage illégal en Côte d’Ivoire est un enjeu complexe qui exige une approche intégrée, alliant régulation stricte, sensibilisation des populations et protection de l’environnement. La mobilisation de tous les acteurs – entreprises minières, autorités et communautés – est essentielle pour préserver la richesse naturelle du pays et garantir un avenir durable pour les générations à venir. Le temps presse, car la sauvegarde de notre environnement et de nos ressources dépend de nos actions d’aujourd’hui.

Aimé Kouassi


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