Secteur du transport routier : Un arrêt de travail de 72 heures pour protester contre la pression fiscale

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Au cœur de la contestation : la mise en œuvre d’une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 18 % sur chaque billet vendu, introduite par l’annexe fiscale 2024. Cette mesure concerne les entreprises dont le chiffre d’affaires annuel atteint ou dépasse 200 millions de FCFA. Mais pour les professionnels du secteur, cette disposition est inadaptée à leurs réalités opérationnelles, notamment en raison de l’absence de mécanismes efficaces de collecte. « Nous ne remettons pas en cause le principe de l’impôt, mais l’application brutale de cette taxe, sans mesures d’accompagnement ni concertation, met en péril l’équilibre de nos structures », a déclaré Mme Assemian Blanche, porte-parole de l’Association des Entreprises de Transport de Passagers (AETP) et Directrice Générale de Labelle Transport.

La tension s’est intensifiée avec la publication, le 5 mai 2025, d’une note circulaire de la Direction générale des Impôts instaurant une imposition automatique pour les entreprises non encore conformes à cette obligation. Une démarche perçue comme un passage en force, sans dialogue préalable.

Malgré de nombreuses démarches, l’APETT-CI n’a obtenu aucune réponse. L’association a multiplié les initiatives pour faire entendre ses revendications, y compris lors de sa dernière conférence tenue le 6 mars, sans succès. Face à cette impasse, l’intervention de la Direction générale des Impôts n’a fait qu’alourdir le climat de crispation. Depuis l’entrée en vigueur de la loi de finances 2024, toutes les entreprises de transport public de personnes et/ou de marchandises relevant du régime du bénéfice réel – soit celles dont le chiffre d’affaires annuel toutes taxes comprises dépasse 200 millions de FCFA – sont désormais assujetties de plein droit à la TVA.

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Mais la pression fiscale ne constitue qu’une partie du problème. Le secteur est également confronté à une flambée des coûts d’exploitation. Le prix d’un bus neuf est passé de 80 à 120 millions de FCFA, tandis que celui des pièces détachées et pneumatiques a bondi de 50 à 100 %. À cela s’ajoute la revalorisation du SMIG, passé de 60 000 à 75 000 FCFA, entraînant mécaniquement une hausse de 12,5 % des salaires.

Dans ce contexte économique tendu, les sanctions fiscales jugées excessives – telles que la fermeture temporaire d’entreprises pour non-paiement d’une TVA non encore perçue – sont vécues comme des coups de massue, causant à la fois des pertes financières et une atteinte à la réputation des structures concernées.

Présent lors de la remise du préavis d’arrêt de travail, le Directeur général du Haut Conseil du Patronat des Entreprises de Transport Routier de Côte d’Ivoire (HCPETR-CI), M. Ibrahim Diaby, a exprimé son soutien aux revendications. « Les préoccupations exprimées sont légitimes. Il est urgent que le dialogue s’ouvre pour éviter une crise majeure », a-t-il plaidé, appelant à l’apaisement et à une concertation rapide avec les autorités.

Face à une situation jugée critique, les sanctions fiscales jugées excessives appellent à une réaction immédiate des pouvoirs publics. À défaut de réponse concrète, le mouvement social prévu du 26 au 29 mai pourrait paralyser une partie essentielle de l’économie nationale, déjà fragilisée par les séquelles de la pandémie de Covid-19.

Julien Koffi


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