Immobilier en Côte d’Ivoire : Yamoussa Coulibaly décrypte les enjeux d’un marché en pleine expansion

Invité du journal télévisé de 19h30 sur RTI2, ce vendredi 23 mai 2025, Yamoussa Coulibaly, PDG de Challenge Immobilier International (CHIM INTER) et vice-président de la Chambre nationale des promoteurs et constructeurs agréés de Côte d’Ivoire (CNPC-CI), s’est exprimé sur la dynamique actuelle du secteur immobilier en Côte d’Ivoire. Le thème de l’émission : « Boom des promotions immobilières : entre promesse d’accession à la propriété et contraintes du terrain ».

Dès l’entame, l’expert a mis en lumière les facteurs à l’origine de la croissance fulgurante de l’immobilier, en particulier à Abidjan. Une poussée démographique combinée à une urbanisation rapide constitue, selon lui, le moteur principal de cette tendance. Il a rappelé que la population abidjanaise a bondi de 4,3 millions en 2014 à plus de 5,6 millions en 2021, générant une demande massive, estimée à plus de 1,2 million de ménages en quête de toit. « La hausse du nombre de ménages implique une pression directe sur le marché du logement. Si l’offre ne suit pas, l’accès devient problématique », a-t-il alerté.

Parmi les leviers positifs, il a salué les actions du gouvernement, telles que la revalorisation du SMIG (porté à 75 000 FCFA), qui a légèrement renforcé la capacité financière des ménages, ainsi que les projets de développement urbain qui contribuent à redessiner le visage de plusieurs communes périphériques. 

Cependant, Yamoussa Coulibaly n’a pas occulté les difficultés. Il a pointé du doigt la cherté persistante des logements proposés par les opérateurs privés, souvent inaccessibles à la classe moyenne. « Pour assurer la rentabilité, de nombreux promoteurs orientent leurs projets vers une clientèle haut de gamme », a-t-il expliqué, dénonçant également la spéculation foncière et les taux bancaires dissuasifs.

Il a mis l’accent sur trois déterminants fondamentaux du secteur : le foncier, le financement et la fiscalité – les fameux 3F – qui, mal encadrés, continuent de tirer les prix vers le haut. « Le marché est dynamique, mais mal calibré par rapport aux attentes réelles des Ivoiriens », a-t-il regretté.

Dans une perspective de sécurisation des transactions, il a recommandé aux futurs acquéreurs de se tourner vers des professionnels agréés par la CNPC-CI, d’opter pour des paiements progressifs indexés à l’avancement des travaux, ou encore de faire appel à un notaire pour encadrer les opérations.

Sur le sujet sensible de la qualité des constructions, le chef d’entreprise a salué les efforts du ministère en charge du Logement, piloté par Bruno Koné. Il a notamment évoqué les contrôles accrus qui ont permis la suspension, voire la démolition, de projets non conformes aux normes.

Reconnaissant envers les actions de l’exécutif, il a exprimé sa gratitude au Président Alassane Ouattara et à son gouvernement pour les initiatives majeures dans le domaine du logement, notamment le programme ambitieux de construction de logements sociaux : de 60 000 unités annuelles à son lancement en 2013, l’objectif est passé à 150 000 par an en 2015. Il a également mentionné les récentes distributions de clés dans plusieurs communes telles que Grand-Bassam, Attécoubé et Bingerville, ainsi que le programme d’urgence de 25 000 logements lancé en juillet 2024.

Enfin, M. Coulibaly s’est montré optimiste quant aux réformes à venir, notamment la loi sur le bail à usage d’habitation et les dispositifs mis en place par l’Attestation de droit d’usage coutumier (ADU), qui devraient permettre une meilleure régulation du marché.

Son message, empreint à la fois de prudence et d’espérance, invite les Ivoiriens à planifier soigneusement leurs projets immobiliers : épargner, s’informer, opter pour des achats encadrés, et rester attentifs aux opportunités offertes par les programmes étatiques. 

Julien Koffi

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