De 93 à 318 milliards de dollars  : le formidable parcours de la BAD sous la présidence de Dr Akinwumi Adesina

A l’aube d’un tournant historique pour la Banque africaine de développement (BAD), son président sortant, Dr Akinwumi Adesina, a livré un discours empreint de bilan, d’émotion et d’espoir, lors du traditionnel petit-déjeuner de bienvenue avec les médias, ce lundi 26 mai, en prélude aux Assemblées Annuelles 2025 qui se tiennent à Abidjan.

Dans une salle comble rassemblant journalistes, cadres de la BAD et partenaires, il a dressé un tableau évocateur : en dix ans, le capital de la banque est passé de 93 à 318 milliards de dollars, soit une croissance de plus de 240 %. Cette montée en puissance financière sans précédent marque, selon lui, l’aboutissement d’un engagement total en faveur du développement du continent africain.

Ce triplement du capital n’est pas resté simplement théorique. Il s’est traduit par des investissements concrets et massifs dans des secteurs clés, notamment les infrastructures, l’énergie, la santé, l’agriculture, l’assainissement et l’intégration régionale.

À travers la stratégie des High 5s, une boussole de développement déclinée en cinq priorités, la BAD revendique avoir transformé plus de 565 millions de vies en une décennie. Grâce à ses moyens accrus, l’institution a électrifié 28 millions de foyers, fourni de l’eau potable à 63 millions de personnes, amélioré l’accès aux soins pour 128 millions de citoyens africains, sécurisé l’alimentation de 104 millions de personnes et offert une mobilité améliorée à 121 millions d’usagers. « Chaque dollar investi a été un pas de plus vers un avenir digne pour des millions d’Africains », a souligné le président, visiblement ému.

De plus, l’augmentation de capital a permis à la BAD de réagir rapidement face aux crises. Lors de la guerre en Ukraine, qui menaçait la sécurité alimentaire du continent, la banque a mobilisé 1,5 milliard de dollars pour son plan d’urgence alimentaire, impactant directement 13 millions d’agriculteurs et permettant la production de 44 millions de tonnes de denrées alimentaires.

Même dynamisme face aux enjeux énergétiques : via l’initiative “Mission 300”, lancée en partenariat avec la Banque mondiale, l’objectif est de connecter 300 millions d’Africains à l’électricité d’ici 2030, avec le soutien du capital renforcé de l’institution.

Une banque plus forte, pour un continent plus souverain

Il a par ailleurs rappelé que ce capital consolidé est aussi un signe fort de la confiance des actionnaires : « Ce capital, ce n’est pas une simple ligne comptable. C’est un engagement collectif, une confiance renouvelée en l’Afrique et en sa capacité à définir ses propres solutions ».

Il a également insisté sur la transformation institutionnelle opérée : la BAD est passée d’un rôle de simple bailleur à celui de banque de solutions, au service des populations. Elle a été reconnue comme la meilleure institution financière multilatérale au monde, une première dans son histoire.

Alors que son mandat s’achève, Dr Akinwumi Adesina passe le témoin à son successeur, dont l’élection est prévue à la fin des Assemblées. Mais l’orientation est claire : les High 5s resteront la matrice stratégique du futur, soutenue par une nouvelle stratégie décennale 2024–2033, bâtie à partir d’une consultation inédite des 81 pays membres. « Les High 5s ne sont plus de simples priorités. Ce sont une révolution douce, une dynamique irréversible pour l’Afrique », a-t-il lancé.

Un appel aux médias : amplifier la voix d’une Afrique qui bouge

En conclusion, le président sortant de la BAD a salué le rôle des journalistes, « partenaires essentiels de la transformation africaine ». Il leur a invité à raconter les vérités, poser les bonnes questions, et faire résonner les messages de ces Assemblées au-delà d’Abidjan.

Sous le thème « Optimiser le capital de l’Afrique pour son développement », ces Assemblées Annuelles 2025 réuniront cette semaine plus de 5 000 délégués issus de 91 pays, dont des chefs d’État, des ministres, des chefs d’entreprises, des chercheurs et des représentants de la société civile.

« Servir l’Afrique à travers la BAD a été le plus grand honneur de ma vie », confie-t-il, non sans lever son verre, en guise d’au revoir : « A la prochaine décennie de progrès, de partenariat… et aux High 5s ! ».

Julien Koffi

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