La Côte d’Ivoire et la BRVM Lancent la Bourse des Matières Premières Agricoles au SARA 2025

C’est une première dans l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) et pour l’Afrique Francophone. Hier après-midi, au SARA 2025, le Ministère de l’Agriculture, du Développement Rural et des Productions Vivrières, la BRVM, l’Autorité de Régulation du Système de Récépissés d’Entreposage (ARRE), le monde agricole, des établissements financiers locaux et internationaux…

Ainsi que des courtiers agréés, en l’occurrence African Commodities Brokerage House, West African Commodities Market, Raw material trading et la Banque Nationale d’Investissement (BNI) – la BNI a été agréée en qualité de Banque de Règlement Agricole (BRA) – ont participé à la cérémonie officielle marquant la 1^re Cotation sur la BMPA CI. Lors de ce premier jour de cotation, le cajou, la cola et le maïs ont fait une belle entrée.

Le démarrage prometteur de la BMPA CI, ce mercredi, augure de perspectives intéressantes pour le marché agricole Ivoirien. Et pour cause. Au cours de cette journée inaugurale, 47,81 tonnes de noix de cajou, 01 tonne de noix de cola et 40 tonnes de maïs – les 3 matières premières retenues pour les débuts de cette bourse – ont été échangées, à un prix moyen respectif de 440 FCFA/kg, de 1000 FCFA/kg et de 220 FCFA/kg, soit un volume total de 88,81 tonnes pour une valeur de 30,84 millions FCFA.

Les transactions ont été effectuées sur des contrats spot standardisés, garantissant la qualité du produit (grade, humidité, calibrage) et la traçabilité via des entrepôts certifiés situés à Korhogo et Bouaké. L’ensemble des opérations s’est fait en temps réel, sur une plateforme digitale interconnectée.

Des ambitions pour le marché agricole Ivoirien

Il faut dire que la mise en place de la BMPA CI vise 6 objectifs majeurs. Dans le détail, son activité devrait permettre d’organiser un marché fiable pour les spéculations, d’apporter la transparence dans la fixation des prix tout en corrigeant les distorsions actuelles des marchés, de stimuler la production, de fluidifier la circulation des produits agricoles, d’améliorer les revenus des Producteurs ainsi que l’accès au financement, et, enfin, par la promotion du commerce équitable, de transformer durablement le secteur agricole.

Il convient, en outre, de souligner, que la bonne santé, les performances et la croissance continue de la Bourse de l’UEMOA font d’elle l’institution appropriée pour porter, techniquement, la BMPA CI. En effet, de sa création, il y a 27 ans en arrière, à ce jour, celle qui est, en ce moment, la 5^e place boursière d’Afrique, derrière les Bourses de Johannesburg, de Casablanca, du Nigéria et d’Egypte, a multipliée par 14 la capitalisation de son marché des actions – il a atteint 11.583,47 milliards de FCFA le 15 mai 2025 – et, de 35, a porté le nombre sociétés cotées chez elle à 48.

De plus, les 163 lignes obligataires cotées sur son marché obligataire représente une progression de plus de 1.150 %, comparée à ses premiers pas. Autres indicateurs, la valeur de ses transactions a bondi de 647% par rapport à son niveau de 1998, pour atteindre 1,8 milliard de FCFA transigé par jour en 2024, confirmant une forte activité des investisseurs, et, toujours comparé à 1998, le volume de ses transactions s’est multiplié par 47 pour afficher 517.748 titres échangés par jour au 31 décembre 2024.

Un changement de paradigme majeur

A la cérémonie de lancement de cette initiative historique, le Directeur Général de la BRVM, Dr. Edoh Kossi Amenounve, se réjouissant de l’avènement de la BMPA CI, s’est, dans son discours, étendu sur ses enjeux et son intérêt pour un continent tel que l’Afrique qui possède 65% des terres arables non cultivées dans le monde et d’importantes réserves en eau.

“Le Continent compte, à lui seul, 10% des réserves mondiales de pétrole, 40% des réserves d’or, 90% des réserves de chrome, de platine et j’en passe. En outre, plusieurs pays d’Afrique, dont la Côte d’Ivoire, figurent parmi les leaders mondiaux pour diverses matières premières agricoles, à savoir le cacao, la noix de cajou, la cola, le café, le maïs, le thé, le coton, l’huile de palme, etc. (…)

Si ces richesses sont inexorablement un argument en faveur du développement durable de l’Afrique, elles ne profitent pas encore assez aux populations et de nombreuses économies Africaines peinent à les convertir en développement durable (…)

L’une des principales raisons qui expliquent cette situation est la volatilité des prix des matières premières ainsi que les conditions des termes de l’échange. Face à cette difficulté, qui perdure depuis plusieurs décennies, mettre en place, sur le Continent, des mécanismes de fixation de prix pour les matières premières provenant du sol et du sous-sol Africain, tels que la BMPA CI, constituent un changement de paradigme majeur.” A-t-il mis en lumière.

Un rêve devenu réalité

De son côté, le Ministre d’Etat, également Ministre de l’Agriculture, du Développement Rural et des Productions Vivrières, Kobenan Kouassi Adjoumani, a signifié que la BMPA CI, rêvée par la Côte d’Ivoire depuis son accession à l’indépendance, en 1960, est désormais une réalité et s’inscrit dans la stratégie, du gouvernement, pour une agriculture Ivoirienne puissante, qui nourrit son peuple et valorise ses producteurs, à travers des prix justes et équitables sur ses produits agricoles.

“En effet, le secteur agricole a toujours constitué un maillon important de l’économie Ivoirienne. Il emploie, à ce jour, plus de 60% de la population et constitue la première source de devises de notre pays, avec environ 40% des exportations. Le dynamisme de ce secteur fait de la Côte d’Ivoire un acteur mondial majeur, avec des performances en constante amélioration (…)

Notre pays est le 1^er producteur mondial de cacao (environ 1,8 million de tonnes en 2024, soit 45 % de la production mondiale) et de noix de cajou (1,2 million de tonnes), le 1^er producteur Africain de noix de cola (260.000 tonnes par an, dont 200.000 tonnes exportées), ainsi que le 1^er producteur Africain et 3^e mondial de caoutchouc naturel (1,88 millions de tonnes prévues pour 2025, soit un peu plus de 12% de la production mondiale), le 2^e producteur Africain d’huile de palme (…)

Le 3^e pays Africain producteur de café et le 5^e producteur Africain de coton. Toutefois, notre défi n’est pas de devenir premier, mais de le demeurer et de nous bonifier au fil des années. D’où l’importante question de savoir comment rester à ces niveaux de performance, dans un environnement aussi compétitif et concurrentiel (…)

Notre pays a donc fait le choix stratégique, à travers le lancement de la BMPA CI, de devenir la place de cotation des spéculations, pour lesquelles il est le leader. Nous avons ainsi, l’opportunité de valoriser nos matières premières sur place, tout en attirant les investisseurs régionaux et davantage d’investisseurs internationaux. La BMPA CI est une réalisation importante qui va contribuer à renforcer notre positionnement et notre rayonnement international. La BMPA CI est un instrument formidable qui contribuera à booster la commercialisation des matières premières Ivoiriennes, dans un cadre entièrement moderne et digitalisé, assurant une grande transparence des prix et une juste rémunération des producteurs ivoiriens.” A-t-il expliqué.

Il existe 125 Bourses de Matières Premières au monde, dont une trentaine active pour une taille de 244.574,75 milliards USD, avec à leur tête le Chicago Mercantile Exchange (CME) qui, toute seule, représente 39% du marché, suivi de l’Intercontinental Exchange (ICE) qui en constitue 19%. L’Asie, quant à elle, compte 68 Bourses de matières premières. Actuellement, l’Afrique a, sur son sol, 5 Bourses des Matières Premières actives et la Bourse des Matières Premières d’Afrique du Sud (le South African Futures Exchange) est leader dans ce domaine, avec une taille de 81,7 milliards USD. Avec le lancement de la BMPA CI, la Côte d’Ivoire, 9^e puissance économique Africaine et 2^e puissance économique de l’Afrique Francophone, entend, très rapidement renforcer son leadership et booster son économie agricole.

KOFFI-KOUAKOU Laussin

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