La cession de la filiale ivoirienne d’Unilever au groupe SDTM, filiale de Carré d’Or, suscite une vive indignation au sein des employés de l’entreprise. Lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 12 juin 2025 , à la maison de la presse d’Abidjan-Plateau, plusieurs représentants syndicaux ont dénoncé ce qu’ils qualifient de “trahison des engagements sociaux”, réclamant le paiement de leurs droits conventionnels prévus par une convention dénommée la ligne bleue, signée en 2002.

Cette convention stipule qu’en cas de cession totale ou partielle des activités de l’entreprise, Unilever doit verser des indemnités spécifiques à ses employés, indépendamment des droits légaux. Ce principe, respecté lors des précédentes cessions de la production d’huile ( Sania) et de celle de mandarine (en 2017), est aujourd’hui remis en cause par la direction, au grand dam des salariés.
Melaigne Abel, Secrétaire général du Syndicat des agents de Blohorn-Unilever CI (UGTCI), a dénoncé un refus systématique de dialogue. « Malgré notre participation à trois conventions collectives et à trois convocations officielles sur la restriction de travail, Unilever a maintenu sa décision de transférer ses responsabilités au nouvel acquéreur, sans prendre en compte les conséquences sociales », a-t-il déclaré.
Selon lui, cette décision met en péril environ 500 emplois directs et indirects, et touche 154 familles qui risquent de se retrouver sans recours.

Djédjé Olivier, délégué syndical du Syndicat des travailleurs d’Unilever CI (Dignité), a, quant à lui, rappelé le cadre légal et historique de la convention. « En 2002, un accord d’établissement a été signé, révisé en 2004 et mis en vigueur en 2005. Il stipule que si une activité est cédée ou qu’une mauvaise situation survient, des mesures d’accompagnement doivent être versées aux employés », relève-t-il. Il cite deux précédents respectés par l’entreprise, à savoir en 2008, la cession de la production d’huile à Sania s’était accompagnée du paiement intégral des droits conventionnels aux employés concernés et en 2017, lors de la cession de la production de mandarine, les mêmes dispositions ont été appliquées. « Aujourd’hui, on cède tout le site à une nouvelle société, mais on refuse de payer nos droits. C’est inadmissible ! », a-t-il insisté.
Les syndicats estiment que le refus d’Unilever d’appliquer les mêmes règles constitue une injustice et une discrimination flagrante.

Une rupture des valeurs défendues par Unilever
Pour sa part, Kpodjahon François, délégué du personnel du Syndicat des agents et travailleurs de Blohorn (FESACI), déplore la rupture entre les engagements moraux de l’entreprise et ses actes actuels. « J’ai intégré Unilever en 2000, attiré par des valeurs de respect de la dignité humaine et de l’engagement. Aujourd’hui, je ne reconnais plus l’entreprise à laquelle j’ai dédié 25 ans de ma vie », s’indigne-t-il.
Pour lui, même si la direction soutient qu’il n’y a pas de rupture formelle de contrat, le transfert à un nouvel acquéreur signifie dans les faits une fin de relation entre les employés actuels et Unilever, qui se doit de respecter la convention.
Il faut souligner que les employés d’Unilever Côte d’Ivoire demandent le respect strict de la convention dite ligne bleue et appellent l’État ivoirien à jouer son rôle de régulateur social. Sans réponse rapide, ils envisagent de durcir leur mouvement.
Julien Koffi
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