Abidjan a accueilli, du 10 au 12 juin 2025, un atelier régional de haut niveau consacré à la notation de crédit souverain. Organisée par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en partenariat avec AfriCatalyst, le Centre africain pour la transformation économique (ACET) et avec l’appui du gouvernement du Japon, cette rencontre visait à renforcer les capacités techniques des pays de l’UEMOA et de la CEDEAO dans l’évaluation de leur profil de crédit auprès des agences internationales.

Pendant trois jours, des experts venus de 16 pays de la CEDEAO ont échangé sur les meilleures pratiques en matière de notation, dans un contexte où les évaluations financières influencent directement l’accès des États africains aux financements internationaux. Car derrière chaque note attribuée se joue bien plus qu’une simple appréciation technique : des taux d’intérêt élevés, des projets de développement différés, ou même annulés. « Une mauvaise note n’est pas neutre : elle renchérit le coût du crédit, ralentit les investissements et fragilise les marges budgétaires des États », a rappelé Blerta Cela, représentante résidente du PNUD en Côte d’Ivoire. Elle a souligné que les pays africains doivent parfois emprunter à des taux allant jusqu’à 14 %, alors que la pression fiscale moyenne en Afrique de l’Ouest reste autour de 15 % du PIB. Pour elle, la réponse passe par une meilleure transparence budgétaire, une discipline macroéconomique renforcée et des réformes fiscales audacieuses.

L’atelier visait également à déconstruire les stéréotypes négatifs sur les économies africaines, à harmoniser les données transmises aux agences de notation et à encourager une approche plus équitable dans les critères d’évaluation. Le chef de cabinet adjoint du ministre ivoirien des Finances, Vassogbo Bamba, a insisté sur l’urgence d’un dialogue renouvelé avec les agences, qualifiant la notation de « levier stratégique pour l’avenir économique de nos États ». Selon lui, les biais dans les notations auraient coûté à l’Afrique plus de 75 milliards de dollars au cours des dix dernières années.
Cette initiative s’inscrit dans un programme plus large lancé par le PNUD en 2024, dont une phase pilote a déjà été menée en Éthiopie, au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda. Elle a permis de révéler plusieurs faiblesses structurelles communes : compréhension insuffisante des critères des agences, faible coordination institutionnelle et manque de données économiques fiables.

Au-delà de la formation, l’atelier d’Abidjan a permis de renforcer la coopération régionale et l’apprentissage entre pairs, avec pour ambition commune : faire des notations de crédit un outil au service du développement et non un obstacle.
Julien Koffi
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