La Côte d’Ivoire et l’Union Européenne ont signé ce vendredi 13 juin 2025 , un nouveau protocole de partenariat dans le secteur de la pêche, marquant une étape décisive pour une coopération axée sur la durabilité et le développement économique. Ce nouvel accord, couvrant la période 2025-2029, remplace le précédent protocole arrivé à expiration en juillet 2024, et s’inscrit dans la logique d’un partenariat renouvelé, équilibré et respectueux des ressources marines ivoiriennes.
Les relations de pêche entre la Côte d’Ivoire et l’UE remontent aux années 1990, avec des accords initiaux privilégiant l’accès des flottes européennes aux ressources, en échange de compensations financières. Cependant, face aux enjeux du développement durable et à la nécessité de préserver les écosystèmes marins, ces accords ont évolué vers un partenariat de plus en plus axé sur la durabilité, la gouvernance et la lutte contre la pêche illégale.
L’accord de partenariat pêche durable (APPD), signé en 2008, a marqué un tournant dans cette démarche, en intégrant des principes de gestion responsable, de soutien au secteur local et de lutte contre la pêche illicite.
Ce nouveau protocole, signé à Bruxelles le 6 juin 2025, prévoit l’accès à la zone de pêche de la Côte d’Ivoire pour 32 navires européens, principalement des thoniers senneurs et palangriers de surface, spécialisés dans la pêche du thon migrateur dans l’Atlantique. Ces navires ne pourront pêcher qu’au-delà des 12 milles marins, protégeant ainsi la pêche artisanale locale et les eaux côtières ivoiriennes.
Le montant de la contrepartie financière annuelle s’élève à 740 000 euros, soit une augmentation de 8,5 % par rapport à l’ancien protocole, avec une partie dédiée au soutien du développement du secteur pêcherie ivoirien, à la gestion durable des ressources et à la lutte contre la pêche illicite. La contribution des armateurs a également connu une hausse significative, reflétant l’engagement des opérateurs européens à respecter les nouvelles modalités.
Une autre grande nouveauté concerne le prix du thon : il passe de 110 à 135 euros la tonne, favorisant la filière locale et la filière de transformation.
Les avantages de cet accord sont multiples pour la Côte d’Ivoire. Le port d’Abidjan, deuxième port thonier au monde derrière celui de Toyama au Japon, voit ses activités renforcées, renforçant son positionnement stratégique en tant que hub de la pêche en Atlantic. La filière de pêche contribue à l’approvisionnement local en poisson, notamment en thon pour la consommation populaire, tout en créant plus de 28 000 emplois directs et indirects dans le secteur.
Ce partenariat permet également d’accroître la capacité nationale à gérer de façon durable ses ressources halieutiques, notamment en soutenant la lutte contre la pêche illicite, la promotion de l’aquaculture et le développement de la pêche artisanale, conformément à la Politique Nationale de Développement de l’Élevage, de la Pêche et de l’Aquaculture (PONADEPA).
Une vision tournée vers la souveraineté alimentaire
Ce nouveau protocole illustre l’engagement de la Côte d’Ivoire d’assurer sa souveraineté alimentaire et de valoriser ses ressources naturelles tout en respectant les principes de la pêche durable. Il témoigne également d’une volonté de renforcer la coopération avec l’Union Européenne, partenaire privilégié dans le développement économique, tout en protégeant ses intérêts stratégiques et environnementaux.
Le gouvernement ivoirien demeure déterminé à poursuivre cette démarche, dans le cadre d’une révision en profondeur de ses accords internationaux, pour bâtir un secteur de la pêche responsable, moderne et respectueux de ses ressources dans une logique de croissance inclusive.
Rodrigue Cofye
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