Avenir du carburant durable dans l’aviation : 780 milliards de FCFA bloqués, la connectivité aérienne en péril

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L’Association du transport aérien international (IATA) tire la sonnette d’alarme sur deux défis urgents affectant le transport aérien mondial : le blocage de fonds des compagnies aériennes par plusieurs États à hauteur de plus de 780 milliards de FCFA, et les politiques européennes contre-productives menaçant la production des carburants d’aviation durables (SAF). Ces enjeux touchent à la fois l’économie mondiale, la transition énergétique et la coopération internationale.

Au 30 avril 2025, plus de 1,3 milliard de dollars américains (environ 780 milliards FCFA) appartenant aux compagnies aériennes restaient bloqués dans plusieurs pays. Ces fonds, issus des ventes de billets et d’autres activités commerciales, sont retenus sans justification, en violation des accords internationaux.

« L’accès aux revenus est vital pour la survie des compagnies aériennes. Bloquer ces fonds fragilise la connectivité mondiale et menace l’emploi », a déclaré Willie Walsh, directeur général de l’IATA.

10 pays responsables de 80 % des fonds bloqués

(Montants en FCFA, arrondis)

PaysMontant en USDMontant en FCFA
Mozambique205 M$123 Mds FCFA
Zone XAF (CEMAC)191 M$115 Mds FCFA
Algérie178 M$107 Mds FCFA
Liban142 M$85 Mds FCFA
Bangladesh92 M$55 Mds FCFA
Angola84 M$50 Mds FCFA
Pakistan83 M$50 Mds FCFA
Érythrée76 M$46 Mds FCFA
Zimbabwe68 M$41 Mds FCFA
Éthiopie44 M$26 Mds FCFA

Des améliorations, mais une tendance préoccupante

  • Le Pakistan et le Bangladesh ont réduit significativement leurs arriérés. En revanche, le Mozambique est passé en tête, aggravant sa situation de 127 M$ à 205 M$. La région Afrique-Moyen-Orient concentre 85 % des fonds bloqués, soit environ 660 milliards FCFA.

Carburants durables – l’Europe freine, l’Inde avance

En 2025, la production de carburants d’aviation durables (SAF) devrait atteindre 2 millions de tonnes, représentant seulement 0,7 % de la demande en carburant aérien mondial.

« Même ce petit volume coûtera environ 2 640 milliards FCFA supplémentaires aux compagnies. Il est urgent d’accélérer la production et de réduire les coûts », souligne Willie Walsh.

Les obligations européennes : un coût disproportionné

Les obligations d’incorporation de SAF imposées par l’Union européenne et le Royaume-Uni depuis janvier 2025 provoquent : Un doublement des coûts pour les compagnies européennes. Un surcoût estimé à 1,7 milliard USD (environ 1 020 milliards FCFA) en frais de conformité – des montants qui auraient pu servir à réduire 3,5 millions de tonnes de CO₂.

Le SAF est aujourd’hui 5 fois plus cher que le carburéacteur classique, une situation jugée « insoutenable » par l’IATA.

 Solutions proposées par l’IATA

Réformer les politiques : Réduire les avantages des producteurs fossiles (1 000 milliards USD de subventions/an, soit 600 000 milliards FCFA) pour soutenir les énergies renouvelables.

Adopter une approche globale de l’énergie incluant la coproduction SAF/électricité.

Renforcer CORSIA (système mondial de compensation carbone). Seul le Guyana a, pour l’instant, rendu ses crédits accessibles.

L’Inde, un modèle à suivre

Troisième marché aérien mondial, l’Inde affiche une ambition climatique solide avec une cible de 2 % de SAF pour les vols internationaux d’ici 2028. Des incitations financières, un prix garanti et une alliance pour les biocarburants. Un partenariat entre l’IATA, ISMA (producteurs de sucre et bioénergie) et Praj Industries pour développer une chaîne SAF efficace.

Une coopération mondiale indispensable

Les deux dossiers mettent en lumière des tensions géopolitiques et énergétiques majeures. D’un côté, le blocage des fonds menace la connectivité mondiale et l’emploi. De l’autre, des politiques énergétiques mal calibrées compromettent l’objectif de neutralité carbone du secteur aérien.

L’IATA appelle donc à une mobilisation urgente des gouvernements pour garantir : Le rapatriement équitable des revenus. Le développement coordonné des carburants durables. Une transition énergétique juste, abordable et réaliste.

Aimé Kouassi


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