Le secteur café-cacao ivoirien traverse une zone de turbulences inquiétantes. À la suite des conclusions rendues publiques par le cabinet indépendant Jadex, mandaté pour évaluer les organisations candidates à l’Organisation Interprofessionnelle Agricole (OIA), une réalité glaçante a été mise en lumière : aucune organisation ne remplit les critères requis pour être éligible.
Un constat accablant qui fait trembler toute la chaîne de valeur de la première filière agricole du pays.
Mais derrière cette onde de choc se cache une responsabilité claire : celle du Comité en charge de la mise en place de l’Interprofession. Ce dernier, censé veiller à l’intégrité et à la neutralité du processus, est aujourd’hui au cœur d’un système gangréné par les conflits d’intérêts, les affiliations douteuses et les manœuvres d’influence.
Une certification pervertie
Initialement conçue pour garantir la traçabilité, la durabilité et l’éthique de la production, la certification est aujourd’hui détournée de ses objectifs. Elle sert désormais de levier de pouvoir pour certaines structures qui manipulent le processus à leur avantage. Selon la Communauté des producteurs, le Comité a failli à son devoir de neutralité en laissant des producteurs certifiés membre des sociétés coopérative se faire recenser dans de nouvelles organisations candidates à LOIA. Cela est incompatible avec l’éthique de l’OIA et des programmes de certification. « Il faut retirer les producteurs certifiés dans la base de données de ces nouvelles organisations. Le Cabinet doit les extirper des bases de données remises pas certaines association », .
En effet, ces producteurs, déjà liés contractuellement à des coopératives certifiées, se trouvent dans une position de conflit d’intérêts manifeste, remettant en cause toute impartialité dans le processus de désignation des représentants.
Au cœur du scandale, le Comité est accusé de complaisance voire de complicité passive dans la montée en puissance d’organisations fantoches. Ces entités, créées récemment, semblent avoir été taillées sur mesure pour bénéficier d’un passe-droit vers l’OIA. Une tentative de passage en force que dénonce la Communauté des producteurs, appelant à une réaction urgente du Conseil du Café-Cacao et du ministère de l’Agriculture.
La gestion chaotique de cette crise ne se limite pas à des enjeux internes. Elle menace aussi la crédibilité de la filière café-cacao sur les marchés internationaux, à un moment où la transparence et la gouvernance sont devenues des critères essentiels pour les partenaires et acheteurs mondiaux.
Alors que les prochaines échéances de l’OIA se rapprochent à grands pas, le Comité est désormais dos au mur. Il lui revient d’agir avec fermeté pour assainir le processus, rétablir la confiance entre les acteurs, et surtout préserver l’image de la filière ivoirienne. L’inaction ou l’indulgence ne feront qu’aggraver une situation déjà explosive.
L’heure est à la transparence, à la rigueur et au respect des principes fondateurs de l’interprofession. Faute de quoi, le secteur risque une fragmentation durable, qui compromettrait aussi bien les producteurs que la position dominante de la Côte d’Ivoire sur l’échiquier mondial du cacao.
La Rédaction
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