Caravane de l’ADU/ Bruno Koné aux populations de Bouaké : « Nous ne pouvons plus tolérer cette anarchie foncière qui mine le développement de notre ville »

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«Nous ne pouvons plus tolérer cette anarchie foncière qui mine le développement de notre ville », a martelé le ministre Bruno Koné,  lors de son intervention. Les chiffres révélés , à l’occasion de cette cérémonie dressent un tableau préoccupant : plus de 270 lotissements non conformes ont été recensés dans la ville, dont une vingtaine sont déjà urbanisés à plus de 50% sans aucune intégration au Schéma Directeur d’Urbanisme. Cette situation génère une précarité foncière généralisée et contribue au désordre urbain qui caractérise aujourd’hui certains quartiers de la métropole du centre.

Cette problématique s’inscrit dans un contexte démographique exceptionnel qui fait de Bouaké un cas d’école en matière de croissance urbaine. Avec plus de 832 000 habitants, la ville concentre 62% de la population régionale du Gbêkê et affiche une croissance démographique impressionnante de 22% entre 2014 et 2021, la positionnant comme la deuxième ville en expansion du pays après Abidjan. Cette dynamique démographique génère des besoins pressants en termes d’aménagement urbain, de logements décents et d’équipements collectifs.

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Face à cette situation, le Gouvernement a instauré depuis le 8 décembre 2021 l’Attestation de droit d’usage coutumier (ADU), désormais seul document officiel reconnu par l’État pour attester légalement d’un droit coutumier sur un terrain. Cette réforme marque une rupture majeure avec les pratiques antérieures et constitue une véritable révolution juridique. L’urgence de cette transition se matérialise par une échéance cruciale : à compter du 31 décembre 2024, les attestations villageoises non consolidées deviennent irrecevables, obligeant les propriétaires à régulariser leur situation foncière.

Cette mesure s’accompagne d’un nouveau cadre juridique structurant comprenant le Code de l’Urbanisme et du Domaine Foncier Urbain, qui harmonise les règles d’aménagement et clarifie les droits fonciers. Le décret de décembre 2021 impose désormais des étapes rigoureuses pour tout lotissement : autorisation préalable, validation technique et enquête publique obligatoires.

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L’arsenal juridique se double d’outils technologiques modernes qui révolutionnent la gestion foncière. « Nous entrons dans l’ère de la digitalisation du foncier pour plus de transparence et d’efficacité », a souligné Bruno Koné.

Le Système intégré de gestion du foncier urbain (SIGFU), déjà opérationnel à Abidjan, sera prochainement déployé à Bouaké pour garantir la traçabilité et la transparence des transactions foncières. Cette plateforme numérique permettra aux citoyens de suivre leurs dossiers en temps réel et aux autorités de mieux contrôler les opérations foncières.

Le Référentiel Géodésique Unique assure quant à lui une lecture homogène du territoire pour le cadastre et la planification urbaine, éliminant les conflits liés aux imprécisions cartographiques.

Le principe du titrement massif constitue une autre innovation majeure : chaque parcelle d’un lotissement approuvé bénéficie immédiatement de la création d’un titre foncier, sécurisant ainsi les droits des propriétaires dès l’origine et réduisant considérablement les contentieux futurs.

Grâce à la vision du Président Alassane Ouattara, Bouaké bénéficie d’investissements massifs qui transforment radicalement le visage de la ville. L’achèvement de l’Autoroute du Nord a désenclavé la région, tandis que la modernisation du Stade de la Paix pour 40 000 places dans le cadre de la CAN 2023 a donné une nouvelle dimension sportive à la ville.

La construction du nouvel Hôtel de Ville, le lancement du Grand Marché central, la réhabilitation de l’Aéroport international et l’inauguration du nouveau Centre Hospitalier Régional témoignent de cette dynamique de modernisation qui place Bouaké au rang des métropoles modernes de l’Afrique de l’Ouest.

Face aux besoins croissants en logements, un programme ambitieux de 1 520 logements sociaux est prévu dans le quartier d’Ahonanansou II Extension sur 16 hectares, avec le soutien de la Banque Ouest-Africaine de Développement. Ce programme, qui propose des formules de location simple et de location-vente, vise à assurer un accès inclusif au logement pour toutes les couches sociales.

Parallèlement, le contrôle des constructions se renforce considérablement. Plus de 1 900 notifications d’arrêt des travaux ont été délivrées entre 2023 et 2025 pour lutter contre les constructions anarchiques. Malgré ces efforts, deux effondrements d’immeubles ont été enregistrés (heureusement sans victimes), soulignant l’urgence d’une gouvernance urbaine plus rigoureuse.

Selon le ministre, un Guichet unique du permis de construire et du contrôle urbain sera prochainement installé à Bouaké pour simplifier les démarches administratives, accélérer les traitements et assurer une supervision rigoureuse des chantiers de construction.

Le ministre des Transports , Amadou Koné, par ailleurs maire de Bouaké, a apporté un éclairage saisissant sur la réalité judiciaire locale. Selon ses révélations, 80% des dossiers traités par le tribunal de la ville concernent les questions foncières, chiffre qui illustre l’ampleur dramatique du problème et l’urgence des solutions apportées. « C’est avec un soulagement que nous accueillons aujourd’hui cette initiative pour que le nombre de dossiers diminue », a-t-il déclaré, saluant l’action du ministre Bruno Koné dans la résolution des défis majeurs du secteur.

Le maire a souligné l’importance cruciale de cette sensibilisation : « Dans le Gbêkê comme dans bon nombre de localités de notre pays, les enjeux liés à la gestion foncière sont réels et importants pour la paix sociale, le développement urbain et la protection des droits des citoyens ».

Selon le premier magistrat, grâce à l’accompagnement du ministre Bruno Koné, plusieurs projets majeurs ont vu le jour, transformant concrètement la physionomie de Bouaké, a savoir la restructuration urbaine : Le président Alassane Ouattara a signé deux décrets portant déclaration d’utilité publique dans le cadre de la restructuration de la ville autour du projet du grand marché de Bouaké, ouvrant la voie à une modernisation urbaine d’envergure, le développement industriel : La ville a obtenu un terrain d’environ 600 hectares pour la réalisation d’une nouvelle zone industrielle et logistique, dont les études techniques sont en cours. Ce projet positionne Bouaké comme un hub économique régional majeur et l’infrastructure de transport : Le ministre a facilité l’indemnisation des ayants droit des anciens propriétaires de l’hôtel Harmattan, libérant ainsi un site approprié pour la réalisation de la gare centrale de  la SOTRA à Bouaké.

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Le maire a rappelé que le ministre Bruno Koné a abordé de manière transversale les problématiques qui minent le secteur de la construction, notamment questions foncières, qualité des matériaux de construction, urbanisme, et révision des schémas directeurs d’urbanisme des villes.

Concernant le programme de logements sociaux, Amadou Koné a formulé une demande directe et symbolique aux populations. « Monsieur le ministre, Bouaké attend sa part de logements sociaux », illustrant les attentes légitimes de la population face aux transformations en cours.

Bruno Koné a exprimé son émotion particulière de revenir à Bouaké, ville où il a effectué ses études secondaires au Collège Saint Viateur. « Cette ville a façonné une partie de mon parcours et renforcé ma foi dans la capacité de la Côte d’Ivoire à construire une société unie, solidaire et ambitieuse », a-t-il déclaré, témoignant de son attachement personnel à cette cité du centre du pays.

Cet ancrage personnel du ministre dans l’histoire de Bouaké ajoute une dimension humaine à son engagement politique et explique en partie la priorité accordée au développement de cette métropole régionale.

Le Ministre Bruno Koné a insisté sur la nécessité d’une mobilisation de tous les acteurs pour réussir cette transformation urbaine historique. « Cette transformation ne sera possible que si chacun assume ses responsabilités : citoyens, promoteurs, collectivités et autorités traditionnelles », a-t-il martelé. Cette responsabilité partagée s’articule autour de plusieurs axes :

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Pour les citoyens : éviter les acquisitions douteuses, régulariser leur situation foncière et respecter scrupuleusement les règles d’urbanisme.

Pour les promoteurs : exercer leurs activités dans le respect strict des procédures avec une transparence totale et une qualité irréprochable.

Pour les collectivités territoriales : appliquer avec rigueur les schémas directeurs et collaborer étroitement avec l’État dans une logique de complémentarité.

Pour les chefferies et leaders communautaires : protéger les droits coutumiers tout en respectant les procédures officielles et en mettant définitivement fin aux attributions informelles de terres.

Le Ministre a conclu son intervention en affirmant que « Bouaké a toutes les cartes en main pour devenir un modèle d’urbanisation planifiée, de foncier sécurisé et de développement inclusif ». Cette ambition ne pourra se réaliser, selon lui, que « dans l’unité, la responsabilité partagée et la mobilisation de tous ».

Au terme de son discours, le maire Amadou Koné , a lancé un appel vibrant aux populations de Bouaké pour qu’elles s’approprient pleinement cette caravane d’information et de sensibilisation. « Faites part de vos préoccupations et engagez-vous pleinement dans le processus de formalisation et de sécurisation », a-t-il exhorté, appelant chaque citoyen à devenir acteur de cette transformation historique.

La 4ème édition de la Caravane du ministère, dédiée à la vulgarisation de l’ADU et aux Journées d’information et de réclamation, s’inscrit pleinement dans cette dynamique de transformation et de sécurisation du foncier urbain. Elle constitue un maillon essentiel de la politique gouvernementale visant à faire de la Côte d’Ivoire un modèle de développement urbain en Afrique de l’Ouest. Face aux défis considérables que représentent la croissance démographique et l’urbanisation accélérée, Bouaké se trouve à un tournant décisif de son histoire. Le succès de cette transformation dépendra de la capacité de tous les acteurs à s’approprier les nouvelles règles du jeu et à œuvrer ensemble pour un développement urbain durable et inclusif.

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Il faut noter que cette caravane de sensibilisation marque ainsi le début d’une nouvelle ère pour Bouaké, celle d’une ville moderne, organisée et attractive, capable de répondre aux aspirations légitimes de ses habitants tout en préservant son patrimoine culturel et son identité unique.

Julien Koffi, envoyé spécial à Bouaké


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