Dans un contexte marqué par une urbanisation croissante et des tensions récurrentes autour de la gestion du foncier, l’État ivoirien poursuit sa campagne de proximité à travers la caravane d’information et de réclamation, dont la quatrième édition s’est déroulée le vendredi 27 juin 2025 , à Bouaké. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du programme de l’Attestation de droit d’usage coutumier (ADU ) qui vise à sensibiliser les populations sur les enjeux fonciers, les réformes en cours et les bonnes pratiques à adopter. C’est autour du thème : « Un foncier urbain plus sécurisé et un développement urbain durable, gages de stabilité sociale » qu’un panel de haut niveau a été organisé dans la capitale du Gbêkê, réunissant des responsables du ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme (MCLU), des autorités locales, des chefs traditionnels, des professionnels du secteur et un large public.

Ouvrant les échanges lors de ce panel de haut niveau, Abdoulaye Diallo, Directeur du Domaine Urbain , a affirmé que la sécurisation du foncier est un levier essentiel pour préserver la paix sociale. Il a rappelé que l’Arrêté de Concession Définitive (ACD) reste, depuis 2013, le seul document légal permettant de détenir une propriété foncière en zone urbaine. « Un foncier sécurisé est un gage de stabilité sociale », a-t-il affirmé. Non sans dénoncer l’urbanisation anarchique, les ventes informelles et les conflits liés à l’absence de titres fonciers valides. Il a également exhorté les populations à se méfier des procédures parallèles et à s’orienter vers des lotissements approuvés pour éviter toute mauvaise surprise.
Le Directeur Général de la Topographie et de la Cartographie, Jacob Kouamé, a livré un constat alarmant. Selon lui, sur 106 lotissements irréguliers identifiés à Bouaké, seuls 19 ont été réalisés dans le respect des normes administratives. Les 87 autres émanent de promoteurs privés sans validation officielle, rendant leur régularisation difficile, voire impossible. « Le périmètre urbain de Bouaké est défini par décret. Toute opération foncière en dehors de ce périmètre est purement illégale », a-t-il averti, insistant sur l’importance de vérifier la conformité des plans avant tout achat. Cette vigilance est cruciale pour éviter les litiges fonciers et pour prétendre légalement à un ACD.

L’accès au logement a également été au cœur des échanges. Selon Diby Kokora, Directeur Général du logement, 80 % des Ivoiriens n’ont pas les moyens de s’acheter un logement dans les conditions actuelles du marché. Face à cette réalité, l’État multiplie les efforts pour rendre le logement accessible au plus grand nombre. À ce jour, 4 000 logements sociaux ont été construits à l’échelle nationale, dont 300 à Bouaké, positionnant la ville comme le chef de file des projets publics en la matière.
Pour y parvenir, un budget de 37 milliards de FCFA a été mobilisé pour accélérer la construction de logements sociaux à Bouaké et Yamoussoukro. M. Kokora a lancé un appel aux mairies pour accompagner cette dynamique : « Les autorités municipales doivent faciliter l’accès au foncier et collaborer activement à l’identification des sites. Le succès des projets dépend de leur implication directe », a-t-il exhorté.
Le panel a aussi été l’occasion de présenter les réformes majeures adoptées en avril dernier. Celles-ci visent à simplifier les démarches liées à l’obtention de l’ACD et à renforcer la sécurité juridique autour des transactions foncières.

Le Système d’Information de Gestion du Foncier Urbain (SIGFU), récemment mis en place, marque une avancée technologique significative. Ce dispositif numérique centralise les données, traque les doublons, et garantit une meilleure transparence administrative.
Autre moment fort de la rencontre, il s’agit de l’intervention de Lanciné Sidibé, Directeur Général du Guichet Unique du Permis de Construire, qui a tenu à rappeler une règle fondamentale : « La procédure de construction marche avec des règles. Le permis de construire n’est pas une option, c’est une obligation ».
M. Sidibé a souligné que la délivrance du permis est conditionnée au respect des normes techniques et urbanistiques, garantissant ainsi la sécurité des habitants et la durabilité des infrastructures. Il a aussi fustigé les constructions anarchiques qui prolifèrent dans certains quartiers urbains, mettant en danger la vie des populations et compromettant les efforts de planification urbaine.

Deuxième ville de Côte d’Ivoire et véritable carrefour économique du centre du pays, Bouaké concentre de nombreux défis urbains. Son expansion rapide, souvent mal maîtrisée, nécessite des mesures correctives fortes. Le succès de cette étape de la caravane ADU montre clairement l’intérêt des populations pour des informations fiables sur le foncier et le logement.
Cette étape de la caravane de l’ADU constitue un tournant dans la mise en œuvre des politiques foncières et urbaines. En rapprochant l’information du citoyen, en clarifiant les responsabilités et en appelant à une mobilisation collective, le gouvernement renforce la confiance et lutte efficacement contre le désordre foncier.
Julien Koffi, Envoyé à Bouaké
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