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Lors de l’émission radiophonique « 90 minutes pour convaincre », le jeudi 31 2025 , animée par Jérôme Kouakou sur Radio Côte d’Ivoire,  des acteurs publics et privés ont dressé un état des lieux détaillé du secteur agricole ivoirien. Autour du thème : « Quelle production vivrière pour une souveraineté alimentaire ? », ils ont évoqué des avancées notables, mais aussi des défis de taille.

Adou Bernard, Directeur Général de l’Office d’aide à la commercialisation des produits vivriers (OCPV), a souligné que la récente crise mondiale a agi comme un déclic, révélant la vulnérabilité du pays face à la dépendance excessive aux importations. Pour Mme Gisèle Koffi, présidente du marché Cocorico, cette crise nous a permis de comprendre que l’autosuffisance n’est pas seulement un objectif, mais une nécessité absolue. « Notre avenir alimentaire doit impérativement reposer sur nos propres ressources », a-t-elle relevé.  Il a par ailleurs relevé la nécessité de moderniser les circuits de production, de stockage et de transformation. « Il faut encourager l’industrialisation de nos chaînes de valeur agricole, afin de réduire la dépendance aux importations et garantir la disponibilité des produits toute l’année », soulignait le DG de l’OCPV. La cartographie des zones de production, la spécialisation par région et la structuration d’un réseau cohérent d’acteurs agricoles sont également évoquées comme des pistes essentielles pour renforcer la résilience du secteur. « Depuis 7 ans, des efforts ont été déployés pour comprendre les problématiques agricoles. Avec une équipe dynamique et expérimentée, plusieurs programmes de soutien ont été mis en place, principalement initiés par des femmes engagées dans le secteur agricole. Ces initiatives sont le fruit d’un diagnostic précis et d’une compréhension approfondie des réalités du terrain », informe-t-il.

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Une approche basée sur l’expérience

Le voyage au Maroc, notamment pour étudier les systèmes d’irrigation modernes, a permis de constater que la mécanisation, l’irrigation performante, la formation et le transport jouent un rôle clé dans la sécurité alimentaire. Au Maroc, la disponibilité de l’eau et la mécanisation permettent d’assurer une production toute l’année. Après ce voyage selon ADOU Bernard, des problèmes ont été identifiés. Il s’agit du manque d’eau, notamment dans certaines zones agricoles, ce qui limite la production ;  le coûts élevés du transport, qui impactent la rentabilité des produits agricoles ; l’accès à la mécanisation et à la formation des producteurs  et la nécessité de développer des infrastructures pour faciliter la commercialisation, comme des marchés de proximité, des plateformes logistiques et des camions adaptés.

Pour parer à cette situation, il a mentionné que des solutions sont en cours et en projet.  Il s’agit de la mise en place de forages et d’installations d’irrigation goutte-à-goutte, notamment financées par l’État ; la distribution de camions, notamment des camions de 5 tonnes, pour améliorer la logistique ; la construction de marchés de proximité, avec un financement de l’État (dans la première phase, 40 marchés déjà financés, et d’autres à venir) ; l’achat et distribution de tricycles pour la collecte de produits depuis les champs.

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Concernant les points de revendication et attentes, l’on peur énumérer pêle-mêle, Capter davantage de financement pour intensifier ces programmes, car les coûts restent élevés ; Renforcer la mécanisation et l’irrigation pour répondre aux besoins des producteurs ; Améliorer la rapidité des réponses aux sollicitations, car certains projets prennent du temps à se concrétiser et  surtout de soutenir la création de filières productives plus autonomes, notamment par des formations et des innovations techniques.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes  car en moins d’une décennie, la production de vivriers en Côte d’Ivoire a presque doublé, passant de 11 à 24 millions de tonnes entre 2011 et 2023. Cette croissance impressionnante découle notamment des programmes gouvernementaux tels que le Programme national d’investissement agricole (PNIA), qui mise sur la modernisation des techniques, la diversification des cultures et une meilleure organisation des acteurs.

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Mais, derrière cette réussite se profilent des défis cruciaux à savoir :  la saisonnalité, le manque d’infrastructures modernes de stockage et de transformation, ainsi que la fluctuation constante des prix. La sensibilisation et la volonté politique doivent continuer à s’intensifier pour surmonter ces obstacles.

Mme Mabati Dosso, présidente du marché Siporex, témoigne en ces termes : « Lors des pénuries, nous sommes souvent contraints d’importer pour répondre à la demande, ce qui n’est pas une solution durable. Notre ambition est que la production locale suffise toute l’année ».  

Une feuille de route pour l’avenir

Pour parvenir à cette souveraineté alimentaire, la Côte d’Ivoire doit accélérer la modernisation de ses circuits de production et de distribution. La mise en place d’une cartographie précise des zones agricoles, la spécialisation régionale, et la structuration d’un réseau cohérent d’acteurs agricoles sont indispensables pour renforcer la résilience du secteur.

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Yves Aka, président de la Fédération des consommateurs, rappelle que « notre pays dispose de vastes ressources naturelles, agricoles et humaines. Il ne tient qu’à nous de mieux exploiter ces atouts ».

Les initiatives en cours visent notamment à améliorer l’accès à l’eau, via la réhabilitation des barrages et le développement de solutions d’irrigation modernes. La mécanisation, la formation des agriculteurs et le développement des infrastructures de transport et de commercialisation sont autant d’outils pour optimiser la production locale.

Investir dans la modernité pour garantir l’avenir

Les marchés de proximité doivent être renforcés par la construction de plateformes modernes et abordables. La régulation des prix, la qualité des produits, et la lutte contre la volatilité du marché constituent également des enjeux majeurs pour assurer une distribution équitable et saine.

Le gouvernement ivoirien a déjà amorcé plusieurs actions, mais la voie vers la souveraineté alimentaire exige un engagement encore plus fort. La mise en place d’un cadre réglementaire clair, la mobilisation de ressources financières, et une volonté politique affirmée seront essentielles dans cette transition.

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En somme, le potentiel agricole du pays est immense, mais sa pleine exploitation repose sur une organisation efficace, l’innovation, et une forte détermination collective. La crise mondiale peut apparaître comme un coup dur, mais elle ouvre aussi une opportunité unique de repenser et de renforcer le secteur agricole ivoirien.

Rodrigue Cofye


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