Le secteur de l’huile de palme ivoirien traverse une période charnière. Alors que la Côte d’Ivoire consolide sa position de 8ème producteur mondial et 2ème africain, avec une contribution de 3,13% au PIB national et 2 millions de personnes dépendantes de cette filière, les préoccupations environnementales s’intensifient.

Du 11 au 13 août 2025, l’hôtel BOYA de Divo accueille un atelier de formation organisé par le Centre Ivoirien Antipollution (CIAPOL) sur le thème : « Gestion environnementale des huileries : enjeux et impacts ». Cette initiative cible les responsables Hygiène, Sécurité et Environnement des huileries des régions du Lôh-Djiboua et du Haut-Sassandra.
Les chiffres révèlent l’ampleur du défi : chaque tonne d’huile de palme produite génère approximativement 2,5 tonnes d’effluents liquides. Sans traitement approprié, ces déchets compromettent la qualité des ressources hydriques, altèrent la fertilité des sols et menacent les écosystèmes locaux.
Les inspections du CIAPOL ont mis en évidence des lacunes importantes dans le traitement des eaux usées industrielles. Cette situation a culminé en 2024 avec une décision gouvernementale sans précédent : le Ministère de l’Environnement a ordonné la fermeture temporaire de onze établissements industriels pour pollution des cours d’eau, dont sept huileries dépourvues d’infrastructures de traitement des effluents. « Le Ministre de l’Environnement a ordonné par arrêtés la fermeture de onze établissements industriels pour pollution de cours d’eau rendus impropres à la consommation des populations riveraines », a rappelé MAHAN Josias, Conseiller Technique au CIAPOL. Ces entreprises ont été autorisées à reprendre leurs activités sous condition d’un engagement ferme vers la conformité environnementale.
Face à cette urgence, le CIAPOL a opté pour une stratégie d’accompagnement plutôt que de sanction pure. L’atelier de formation vise à doter les industriels des outils nécessaires pour une gestion écologiquement responsable de leurs activités.
Le programme de formation couvre plusieurs axes stratégiques : identification des enjeux environnementaux spécifiques, évaluation des pratiques actuelles de gestion des déchets, analyse des technologies de traitement disponibles, élaboration de plans d’amélioration personnalisés et appropriation du cadre réglementaire en vigueur.
L’initiative rassemble un large éventail d’acteurs : industriels, représentants des autorités préfectorales, directeurs régionaux et partenaires techniques et financiers, témoignant d’une volonté collective de transformation.
Cette démarche s’inscrit dans la stratégie nationale de développement durable et l’engagement ivoirien envers les Objectifs de Développement Durable, particulièrement ceux relatifs à la préservation des ressources hydriques, de la vie aquatique et à la promotion d’une consommation responsable.
L’enjeu dépasse la simple conformité réglementaire : il s’agit de préserver la compétitivité à long terme d’un secteur vital tout en répondant aux exigences croissantes des marchés internationaux en matière de durabilité environnementale.
M. MAHAN a exprimé sa conviction que ces trois journées permettront de renforcer les connaissances des participants pour la promotion d’une industrie de production d’huile de palme moins nuisible à l’environnement, pour le développement durable des régions du Lôh-Djiboua et du Haut-Sassandra, et pour la croissance économique de toute la Côte d’Ivoire.

Dans un contexte où les préoccupations climatiques redéfinissent les standards industriels mondiaux, l’initiative de Divo représente une étape cruciale vers une industrie du palmière plus durable. Le succès de cette approche collaborative pourrait servir de modèle pour d’autres secteurs industriels confrontés à des défis environnementaux similaires.
La capacité des huileries ivoiriennes à intégrer ces nouvelles exigences environnementales déterminera leur positionnement futur sur un marché international de plus en plus soucieux de durabilité.
Julien Koffi
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