La ville de Grand-Bassam accueille depuis, mardi 30 septembre 2025, un atelier national crucial pour l’avenir agricole de la Côte d’Ivoire. Pendant trois jours, les principaux acteurs de la filière semencière se réunissent pour valider la Politique et la Stratégie Nationale du Secteur Semencier, un cadre stratégique qui vise à transformer durablement le secteur, renforcer la sécurité alimentaire et améliorer la résilience face aux défis climatiques.
Ouvrant officiellement les travaux au nom du Ministre d’État, Ministre de l’Agriculture, du Développement Rural et des Productions Vivrières, Madame Naminata Silué Ya a souligné l’importance capitale des semences dans le développement agricole.
« La semence est l’intrant agricole par excellence. Selon la FAO, elle peut contribuer à hauteur de 40 % à l’augmentation des rendements », a-t-elle déclaré, avant de rappeler que ce secteur est un levier essentiel pour la sécurité alimentaire et la compétitivité de l’économie nationale. Revenant sur les limites du document de politique semencière de 2009, elle a insisté sur l’urgence d’une adaptation aux nouveaux défis : changement climatique, maladies émergentes, innovations scientifiques et nouvelles normes communautaires. « Il est plus que nécessaire aujourd’hui d’adapter notre cadre institutionnel et stratégique aux réalités actuelles, afin d’assurer à nos producteurs l’accès à des semences de qualité, compétitives et adaptées », a-t-elle affirmé.
Une politique actualisée et des outils concrets
Cet atelier s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du Projet de Développement des Chaînes de Valeurs Vivrières (PDC2V), financé par la Banque Mondiale. Représentant le coordonnateur Bernard Comoé, Madame Nassita Soro a précisé que cette actualisation ne se limite pas à un simple toilettage.
« Ce n’est pas qu’une mise à jour. Nous sommes allés plus loin, nous avons entièrement réécrit les documents, et développé de nombreux outils d’accompagnement : techniques, juridiques et réglementaires », a-t-elle précisé. Appelant à des échanges « francs et ouverts », elle a souligné que le but de cet atelier est d’aboutir à un plan d’action clair, validé par toutes les parties prenantes, pour dynamiser durablement le secteur semencier. « L’idée, c’est que chaque producteur ait accès à des semences de qualité, pour produire des aliments sains », a-t-elle ajouté.
Des constats alarmants, des réformes attendues
Malgré l’adoption d’une politique semencière en 2014, de nombreux défis freinent encore le développement du secteur. Parmi les principaux constats : Moins de 10 % des semences utilisées sont certifiées ; Plus de 50 % sont des variétés anciennes, non améliorées, le marché reste largement dominé par l’informel, avec de nombreux intervenants non autorisés, une absence de données statistiques fiables sur la production, les ventes et les stocks, une forte dépendance aux importations, qui fragilise la souveraineté alimentaire.
Les experts présents vont ainsi plancher sur plusieurs chantiers majeurs : validation du rapport d’état des lieux, révision de la politique nationale semencière, élaboration d’une stratégie opérationnelle alignée sur les règlements de l’UEMOA et de la CEDEAO, mise en place d’un cadre juridique pour la certification, la propriété intellectuelle des obtenteurs végétaux, et la réglementation de l’import-export des semences.
Cet atelier constitue une étape décisive vers la mise en place d’un système semencier moderne, inclusif et durable, indispensable pour garantir l’autosuffisance alimentaire, accroître la productivité agricole et soutenir les filières vivrières. « Nous ferons en sorte que tous les producteurs aient accès à de bonnes graines, des semences certifiées et adaptées à nos réalités locales », a réaffirmé Nassita Soro. Les conclusions de ces travaux sont très attendues par l’ensemble de la filière, alors que la Côte d’Ivoire s’engage résolument sur la voie de la transformation agricole durable, appuyée par un cadre réglementaire renforcé et des outils de gouvernance efficaces.
Aimé Kouassi
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