Jean Servais Somian Partage son Parcours et sa Vision de la Valorisation des Oeuvres avec le Club Arts & Culture de HEC Paris en Côte d’Ivoire

“Ce soir, nous célébrons l’Art et la Culture avec Jean Servais Somian !” C’est avec ces mots que le Président du Club instigateur de cette discussion intimiste et Directeur Général du Bureau de Représentation de HEC Paris en Afrique de l’Ouest et Centrale, Alexis John Ahyee, introduit le confectionneur d’objets fonctionnels, décoratifs et de meubles du quotidien, Jean Servais Somian.

Une conversation, réalisée au sein de Addoha Le Joyau de Cocody et modérée par Sakina Agoumi, la Directrice Adjointe Business Development Afrique du Groupe immobilier Marocain et membre active du Club Arts & Culture de HEC Paris en Côte d’Ivoire, durant laquelle Jean Servais Somian révèle, d’emblée, que rien ne le prédestinait à une réputation internationale.

Originaire de du Sud-Est du pays, c’est, en effet, peut-être sa décision d’arrêter l’école en classe de 1^re qui a fait de lui, pousser par le hasard des dieux, de la vie et les principes parentaux, la personne qu’il est aujourd’hui. Une personne authentique, guidée par l’amour de l’autre, l’amour de la nature, le respect de ses valeurs, “qui écoute et fait ressortir ce qu’il a dans les tripes” comme aime bien le répéter Jean Servais Somian à qui prend le temps de le connaître.

“A un moment, je me suis dit, l’école, ce n’est pas pour moi. A vrai dire, avec le recul, je reste convaincu que ce n’était pas mon truc. Cependant, dans ma famille, le principe, c’est qu’il faut que tu fasses quelque chose de ta vie ! Je dis donc à mes parents que je veux arrêter l’école. Ils me répondent ok, mais qu’est-ce que tu vas faire ? Tu ne vas pas passer ton temps à traîner, il faut que tu te trouves un métier ! (…)

C‘est comme ça que, grâce à ma tante, dont l’époux dirigeait alors le centre de menuiserie et d’ébénisterie Georges Ghandour, j’intègre cette école de métier située à Koumassi (dans Abidjan Sud), de près de 80 personnes à l’époque, qui forme, depuis les indépendances, les ébénistes de toute l’Afrique de l’Ouest.” Se remémore Jean Servais Somian.

Son Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP) obtenu, Jean Servais Somian retourne à Grand-Bassam et rencontre au village artisanal (le village de sa grand-mère) un maître qui lui apprend non seulement la sculpture, mais surtout à travailler le cocotier, une plante avec laquelle il tombe en amour et qui est, aujourd’hui, sa marque de fabrique. Quelques années plus tard, il part en Europe et là, à la faveur de rencontres, il se forme, se perfectionne et embrasse véritablement le design. “C’était pas facile, il fallait vivre de petits boulots.” Confie Jean Servais Somian.

C’est en 2000, alors que la Côte d’Ivoire est quasi à l’arrêt, que sa carrière explose. Ses meubles plaisent ! Il les expose en France et un peu partout. Toutefois, bien que les choses commencent plus qu’à bien aller de l’avant, le contact avec la terre où il a découvert, appris à travailler le cocotier, la Côte d’Ivoire, lui manque. De retour dans son pays natal, il monte son équipe et, malgré les galères, les boulots alimentaires, l’envie quelques fois d’abandonner, il se donne les moyens d’atteindre son objectif, de se réaliser au fil des Aller-Retour entre Abidjan et Paris.

“Aujourd’hui, j’ai mon atelier et mon équipe ici. Je travaille avec certains depuis 19 ans maintenant, pour les plus anciens de mes collaborateurs.” Se réjouit Jean Servais Somian, conscient du chemin parcouru et des sacrifices consentis.

Interrogé sur son inspiration créatrice et la transmission de patrimoine, le designer aux 25 années d’expérience professionnelle, qui expose aux 4 coins du globe, répond : “Tous les matériaux ont leurs qualités, c’est à l’artiste, au designer de les anoblir (…) Mon travail tourne autour de ce qui m’entoure, de la nature, au gré des rencontres, de rencontres avec des peuples, mais aussi avec des passionnés, des galeristes, des journalistes, etc. (…) Néanmoins, ma plus grande satisfaction demeure de produire de la qualité et de former des jeunes de qualité (…) Avec mes équipes, je suis très rigoureux, je ne lésine pas avec les détails !” Souligne Jean Servais Somian.

Pour Jean Servais Somian, qui estime “apprendre également beaucoup de ses collaborateurs”, au-delà du “parcours de l’artiste”, de son “référencement sur le marché”, c’est le sérieux que l’on met dans le travail et dans sa carrière qui fait, avant tout, la valeur de l’oeuvre.

“Tu as beau être talentueux, sans collaborer avec une galerie, la valorisation est au rabais ! C’est l’écosystème de la galerie qui t’accompagne et te permet de te valoriser, de valoriser tes productions sur le marché, à condition, bien sûr, que tu sois sérieux et que tu mettes de la qualité dans ce que tu fais, dans ce que tu proposes (…) Ici, je vends mes oeuvres à des prix moins élevés que ceux que je proposent à l’étranger (ailleurs), car on a (tous les artistes, ainsi que tous les acteurs et amoureux de l’art et de la culture) un travail d’éducation culturelle et artistique à faire.” Explique Jean Servais Somian.

Au terme de cette discussion avec Jean Servais Somian, favoriser par Mehdi Zemmama — le Directeur Général Adjoint du Groupe Addoha est un alumnus HEC Paris — qui a vu, notamment, la participation de Daouda Coulibaly, le Président du Chapter Côte d’Ivoire des Alumni de HEC Paris et Directeur Général de Attijari West Africa (AWA), Alexis John Ahyee partage, ce mercredi-là, un constat : “Les valeurs de travail, d’excellence, d’audace que portent Jean Servais Somian reflètent les valeurs cultivées par HEC Paris et tous les membres de son Club Arts & Culture de Côte d’Ivoire.”

Selon les données fournies par Spherical Insights, le marché mondial du mobilier devrait atteindre 780,8 milliards $ d’ici 2030. Maximize Market Research révèle encore que la taille du marché du meuble de luxe, évaluée à 32,80 milliards $ en 2024, devrait voir son chiffre d’affaires total croître à un Taux de Croissance Annuel Composé (TCAC) de 5% dès 2025, pour s’établir à 48,46 milliards $ en 2032, avec comme grand absent l’Afrique… Également présente à cet échange avec Jean Servais Somian, la Ministre Ivoirienne de la Culture et de la Francophonie — alumna HEC Paris, Françoise Remarck a récemment été nommée Présidente de la Fondation de l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INPHB) dont elle est aussi une ancienne pensionnaire — déclare : “On a l’impression que le monde des affaires, celui de la finance et celui de l’entreprise ne sont pas proches du monde l’Art et de la Culture. Et pourtant…”

KOFFI-KOUAKOU Laussin

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