Trois semaines après l’ouverture officielle de la campagne café-cacao 2025-2026, la filière traverse une crise de fonctionnement inquiétante. Dans une vidéo publiée ce lundi 20 octobre 2025 sur les réseaux sociaux, Marcel Tia, président du Conseil National des Syndicats Agricoles de Côte d’Ivoire (CONASA-CI), a dénoncé un blocage généralisé de la commercialisation du cacao et pointé la responsabilité du Conseil du Café-Cacao (CCC).
Selon le syndicaliste, le problème ne réside ni dans la qualité du cacao, ni dans le prix bord champ fixé à 2 800 francs CFA le kilogramme, mais plutôt dans l’absence de financement suffisant pour les opérations de collecte et de pré-collecte. « Tant que la marge destinée à supporter les charges logistiques n’est pas conséquente, aucun investisseur ne peut risquer son argent pour acheter du cacao », a-t-il déclaré.
Des conditions de transport déplorables et un système à bout de souffle
Marcel Tia a dressé un tableau sombre de la situation sur le terrain. Routes rurales impraticables, voies d’évacuation dégradées, rackets sur les axes de transport, braquages et insécurité : autant de facteurs qui, selon lui, plombent la rentabilité des coopératives et découragent les acheteurs.
« Toutes les pistes rurales sont abîmées, notamment sur l’axe San Pedro–Gagnoa. Le cacao quitte difficilement les zones de production et chaque cargaison est soumise à des coûts supplémentaires et à des risques élevés », a-t-il déploré.
Un appel à la solidarité entre paysans
Face à cette paralysie, le président du CONASA-CI appelle les producteurs à la solidarité et à la responsabilité collective. Il leur propose d’accorder une marge de 100 francs CFA par kilogramme à leurs coopératives, afin de couvrir les charges d’évacuation du cacao jusqu’aux ports.
« Nous demandons à chaque paysan de céder son cacao à 2 700 francs CFA le kilo pour permettre aux coopératives de fonctionner et d’écouler les produits », a-t-il expliqué, tout en précisant que cette mesure n’est pas une obligation mais un « sacrifice » nécessaire pour éviter l’effondrement de la filière.
Une filière politisée et abandonnée en pleine campagne électorale
Marcel Tia accuse également les autorités de négligence et de politisation excessive du secteur. Selon lui, les dirigeants du Conseil du Café-Cacao et les responsables des institutions agricoles seraient « plus engagés dans la campagne politique que dans la résolution des problèmes des planteurs ».
« Tant que les élections ne seront pas terminées, personne ne s’occupera des paysans. Nous demandons la dépolitisation des filières agricoles pour que les producteurs cessent de souffrir », a-t-il martelé.
Des conséquences sociales lourdes
Ce blocage a des répercussions directes sur la vie quotidienne des planteurs. Beaucoup n’ont toujours pas pu vendre leurs récoltes et se retrouvent dans l’incapacité de subvenir aux besoins de leurs familles, notamment pour la scolarisation de leurs enfants.
« Les enfants des uns vont à l’école, pendant que ceux des planteurs attendent la vente du cacao pour payer la rentrée », s’est ému le leader syndical.
Vers une mobilisation des producteurs
En conclusion, Marcel Tia a exhorté les paysans à « prendre leurs responsabilités » et à s’organiser au sein de leurs coopératives pour éviter la faillite de la campagne 2025-2026.
« Si nous continuons à suivre aveuglément les décisions du Conseil du Café-Cacao, nous irons encore plus loin dans la précarité », a-t-il prévenu, appelant à une réforme urgente du système et à un dialogue sincère entre les producteurs, les coopératives et les autorités.
Aimé Kouassi
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