Le Syndicat de la nouvelle génération des transitaires et importateurs de véhicules d’occasion de Côte d’Ivoire (SNGTIVO-CI) a tenu un point de presse le vendredi 17 octobre 2025 pour attirer l’attention des candidats à l’élection présidentielle, notamment du Président sortant Alassane Ouattara, sur les conséquences du décret n°2017-792 du 6 décembre 2017 portant limitation de l’âge des véhicules importés en Côte d’Ivoire. Le syndicat déplore le silence de la classe politique sur cette mesure qu’il juge « catastrophique » pour l’économie et la société ivoiriennes.
Selon N’Guessan Kouassi Narcisse, secrétaire général du SNGTIVO-CI, le secteur de l’importation des véhicules d’occasion est en déclin depuis l’application effective du décret en juillet 2018. Il regrette qu’aucun bilan officiel n’ait été réalisé par le gouvernement, ni aucune mesure d’accompagnement mise en place pour soutenir les acteurs touchés. Le syndicat indique que ses multiples appels à l’aide sont restés sans réponse.
Sur le plan social, les effets sont jugés désastreux : fermeture de nombreuses entreprises portuaires et de transit (telles que Global et Aquamarine), disparition de sociétés de commissionnaires agréés en douane, faillite de PME d’importateurs, chômage massif et immigration clandestine accrue des jeunes vers l’Europe. Cette situation aurait également entraîné la dislocation de nombreuses familles.
Sur le plan économique, le SNGTIVO-CI estime les pertes à environ 46 milliards de FCFA pour les acteurs du secteur. Le flux d’importation des véhicules d’occasion aurait chuté de 120 à 50 véhicules par jour, au profit des multinationales. Le syndicat pointe aussi la flambée des prix sur le marché de l’automobile, rendant l’acquisition de véhicules de plus en plus difficile pour les ménages ivoiriens.
Sur le plan environnemental, le syndicat évoque un paradoxe : le décret, censé réduire la pollution, aurait plutôt favorisé un vieillissement du parc automobile national, avec la prolifération du recyclage artisanal de véhicules hors d’usage dans les garages de fortune. De plus, il alerte sur la « vietnamisation » du secteur de l’automobile, marquée par la multiplication des motos et tricycles dans la circulation.
Sur le plan sécuritaire, le SNGTIVO-CI dénonce une recrudescence de plaques d’immatriculation banalisées, de fraudes et de réseaux parallèles d’immatriculation. Il cite également la prolifération des passeurs de véhicules hors décret et les scandales liés aux sociétés de souscription automobile, notamment le cas de KDS.
Face à ces constats, le syndicat, en collaboration avec des acteurs de la diaspora (en France, Belgique, États-Unis, Allemagne, Espagne, Canada, etc.), appelle le futur Président élu à partir du 25 octobre 2025 à réviser le décret de 2017. Il recommande que la Côte d’Ivoire, à l’instar du Sénégal, du Ghana et du Gabon, réalise un bilan d’évaluation de la mesure avant toute reconduction. Le SNGTIVO-CI plaide pour une approche plus inclusive, capable d’encadrer et de dynamiser un secteur jugé « fertile en création d’emplois » dans un pays où la fonction publique ne peut absorber toute la population active.
Par cette sortie, le syndicat souhaite ouvrir un dialogue avec les autorités ivoiriennes afin de trouver un compromis entre impératifs environnementaux et réalités socio-économiques, dans l’intérêt des milliers d’acteurs qui vivent de l’importation et du commerce des véhicules d’occasion.
Julien Koffi
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