Secteur semencier : Le premier Catalogue des espèces et variétés végétales de Côte d’Ivoire bientôt, validé

Experts, chercheurs, institutions publiques, organisations de producteurs et acteurs du secteur semencier sont réunis à Grand-Bassam du 17 au 19 novembre 2025  pour une étape décisive : la validation du premier Catalogue national des espèces et variétés végétales de Côte d’Ivoire, un outil stratégique pour la souveraineté alimentaire du pays.

Ouvrant les travaux, Madame Silué Naminata épouse YA, Directrice des semences, des engrais et des produits assimilés au Ministère d’État, ministère de l’Agriculture, du Développement rural et des Productions vivrières, a rappelé l’importance centrale du catalogue dans l’écosystème agricole national.

« Ce catalogue est un outil essentiel. Il permet aux producteurs, aux chercheurs, aux institutions et aux industriels de connaître les caractéristiques complètes des variétés disponibles afin d’orienter leurs choix de production et de contractualisation », a-t-elle expliqué.

Le document rassemble pour chaque variété des informations technologiques, agronomiques et environnementales, indispensables à toute prise de décision éclairée.

La directrice a souligné que la forte présence de variétés de riz dans le catalogue s’explique par les nombreux travaux de recherche réalisés dans le cadre de la stratégie nationale de sécurité alimentaire.

Le riz, culture centrale dans l’alimentation ivoirienne, a fait l’objet du plus grand nombre d’homologations menées par le ministère, le CNRA, AfricaRice et d’autres partenaires scientifiques.

L’homologation repose sur les tests DHS (Distinction, Homogénéité, Stabilité), qui garantissent que chaque variété est parfaitement décrite, stable dans le temps et facilement identifiable.
Les variétés qui ne figurent pas encore dans le catalogue sont celles dont le processus DHS n’est pas achevé.

À ce jour, 62 nouvelles variétés sont en attente de validation par le CONANSEM, avant d’intégrer la prochaine version du catalogue. L’atelier de validation de ces variétés est prévu pour le 1er décembre prochain, où plus de neuf nouvelles homologations sont attendues.

Afin de toucher le plus grand nombre d’acteurs, le catalogue a été conçu en version numérique, accessible sur smartphone Android.
« Depuis votre mobile, vous pouvez consulter les variétés, leurs caractéristiques, les zones de culture favorables ou encore les rendements. L’accès est gratuit ; seuls les coûts liés à l’impression sont payants », a précisé Madame Silué.

Cette plateforme numérique garantit une large accessibilité et évite les limites du support papier.

Le PDC2V, moteur du projet et de la modernisation des données agricoles

Au nom de l’unité de coordination du Projet de Développement des Chaînes de Valeurs Vivrières (PDC2V), Madame Nassita Soro, spécialiste en planification opérationnelle, a explicité les raisons de l’engagement du projet dans le financement du catalogue.

« Le PDC2V vise à rendre les chaînes de valeurs vivrières plus compétitives, productives et résilientes. Or, la base de toute agriculture performante repose sur des semences de qualité et un patrimoine génétique bien documenté », a-t-elle déclaré.

La Côte d’Ivoire disposait d’une richesse génétique importante, mais pas encore organisée dans un cadre officiel conforme aux exigences nationales et sous-régionales, notamment celles de l’UEMOA.

Grâce au PDC2V, trois outils complémentaires ont été produits : le Catalogue national des espèces et variétés végétales, le Répertoire des variétés améliorées, issu de la recherche, le Répertoire des variétés traditionnelles, valorisant l’héritage agricole transmis de génération en génération.

Pour Madame Soro, « loin du cliché des chercheurs qui cherchent, nous avons en Côte d’Ivoire des chercheurs qui trouvent, et qui trouvent beaucoup ».

Le catalogue a été élaboré par le cabinet Scham’s Consulting, dirigé par Boubacar Traoré, en consortium avec Globus Technologies, à la faveur du financement de la Banque mondiale et sous la supervision de la DCPA.

Parce qu’il s’agit d’un premier catalogue, une sélection de 15 cultures vivrières de base a été retenue, dont le riz, le maïs, le mil, le sorgho, le soja, l’arachide, le niébé, l’igname, le manioc, la banane plantain ou encore la tomate.

Chaque variété y est décrite de manière détaillée :
nom scientifique et vernaculaire, année d’homologation, zones favorables, origine et obtenteur, rendement, caractères agronomiques et technologiques, critères DHS, résistance aux maladies, modes culinaires de valorisation…

Le catalogue web a également été conçu « dans une fibre patriotique », exclusivement par des compétences nationales, avec une interface aux couleurs de la Côte d’Ivoire.

Un réseau national d’experts pour faire vivre le catalogue

Les organisateurs ont rappelé que l’ambition dépasse largement l’atelier de Grand-Bassam.
Il s’agit de bâtir un cadre de concertation permanent, regroupant structures publiques, recherche, secteur privé, organisations de producteurs et groupements de semenciers pour actualiser régulièrement les données.

Le Catalogue national des espèces et variétés végétales est une version zéro, appelée à évoluer au rythme de la recherche, de l’homologation et des innovations agricoles.

Aimé Kouassi

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