FACIGA 2025 : La Côte d’Ivoire et le Gabon posent les bases d’un nouveau modèle de coopération économique Sud-Sud

Près de 700 acteurs économiques des secteurs publics et privés de Côte d’Ivoire et du Gabon se sont réunis les 18 et 19 novembre 2025 à Libreville pour la première édition du Forum d’Affaires Côte d’Ivoire–Gabon (FACIGA 2025), une plateforme dédiée à la redéfinition des axes d’une coopération économique Sud-Sud plus ambitieuse et plus concrète. La cérémonie d’ouverture, tenue à l’hôtel NOMAD, a rassemblé plusieurs hautes personnalités, dont Henri-Claude Oyima, ministre d’État gabonais en charge de l’Économie, ainsi que les ministres ivoiriens Kouassi Adjoumani Kobenan et Kacou Houadja Léon Adom.

L’événement a permis aux deux pays d’affirmer leur volonté commune de renforcer leurs partenariats dans des secteurs stratégiques tels que l’agriculture, l’agro-industrie, les énergies renouvelables, les mines, la digitalisation ou encore les infrastructures, en s’appuyant sur des mesures facilitatrices comme la suppression envisagée du visa et l’intensification des échanges d’expertise. Dans son allocution d’ouverture, Henri-Claude Oyima a salué la dynamique impulsée par les présidents Alassane Ouattara et Brice Clotaire Oligui Nguema pour bâtir un modèle de coopération Sud-Sud exemplaire, rappelant que les échanges commerciaux entre les deux pays ont doublé en cinq ans pour atteindre près de 400 millions de dollars, même si ce potentiel reste selon lui largement sous-exploité.

Il a souligné l’opportunité pour les entreprises ivoiriennes, reconnues pour leur savoir-faire en agro-transformation, BTP, technologies financières et services, de se positionner davantage sur le marché gabonais, qui offre un accès privilégié à la CEMAC et à ses 60 millions de consommateurs. Le forum intervient dans un contexte de refondation économique au Gabon, où d’importantes réformes structurelles sont engagées depuis 2025 : modernisation de la gestion des finances publiques avec le SIGFIP, rationalisation des subventions, suspension des exonérations, renforcement de la gouvernance des entreprises publiques, opérationnalisation du Compte Unique du Trésor, amélioration de l’environnement des affaires avec un Guichet unique et un Tribunal de commerce. Ces efforts devraient soutenir une croissance projetée à 6,5 % en 2026. Pour les autorités gabonaises, le FACIGA doit être un cadre d’engagements concrets matérialisés par la signature d’accords, le lancement de projets conjoints et l’émergence de chaînes de valeur intégrées entre Abidjan et Libreville, afin que, selon les mots d’Oyima, « l’Afrique ne soit plus un marché captif, mais un espace de production, d’innovation et de valeur ajoutée ».

Co-parrain du forum, le ministre ivoirien Kouassi Adjoumani Kobenan a mis en avant l’expérience de la Côte d’Ivoire en matière de sécurité et de souveraineté alimentaire, à travers le PNIA2 structuré autour de neuf agropoles visant à moderniser les systèmes de production, renforcer la transformation locale et améliorer les infrastructures de commercialisation. Grâce à cette stratégie, l’insécurité alimentaire sévère a disparu depuis 2018 et les productions de riz paddy, manioc et maïs ont plus que doublé depuis 2011.

 Il a également insisté sur la nécessité d’intégrer davantage la jeunesse agricole grâce à des mécanismes de financement innovants. Le ministre des Affaires étrangères, Kacou Houadja Adom, a pour sa part souligné que la coopération entre les deux pays doit se traduire par des résultats tangibles, appelant à doubler ou tripler le volume des échanges dans les cinq à dix prochaines années, à réactiver les 41 accords bilatéraux existants et à examiner la possibilité d’une suppression réciproque de l’obligation de visa.

L’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Gabon, Kouadio Konan Bertin, s’est enfin félicité de la réussite de cette première édition, du travail conjoint du CEPICI et de l’ANPI, et du leadership des deux chefs d’État, estimant que le thème : « Côte d’Ivoire–Gabon : un modèle de coopération économique Sud-Sud » illustre parfaitement l’ambition des deux pays de bâtir des alliances solides fondées sur la création locale de valeur et la transformation de leurs ressources.

Rodrigue Cofye

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