À Koukoguhé, la coopérative SO CO TEN’D transforme le manioc en moteur d’autonomisation féminine grâce au PDC2V

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Dans le cadre de sa mission de suivi, l’équipe du Projet de Développement des Chaînes de Valeurs Vivrières (PDC2V) a visité, le vendredi 14 novembre, la coopérative SO CO TEN’D à Koukoguhé, localité située à 14 km de Daloa. Bénéficiaire de la 2ème cohorte du fonds à coûts partagés de 42 millions de F CFA pour la mise en valeur de 15 hectares de manioc, la coopérative illustre l’impact concret du projet sur l’autonomisation des femmes et la sécurité alimentaire.

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Créée en 2012, la coopérative SO CO TEN’D est dirigée par Alice Dakiélé, une femme au franc-parler et à la vision ancrée dans la réalité du monde rural.

Elle se souvient encore de ses motivations :

« À l’époque, je voyais les femmes éparpillées, chacune se débrouillait seule. Dans nos foyers, c’est vrai, les hommes sont nos chefs. Mais c’est la femme qui tient réellement la famille. »

Pour elle, un petit jardin vivrier – gombo, tomate, manioc – suffit parfois à nourrir une famille entière en attendant les revenus du café-cacao.

C’est de cette observation qu’est née l’idée d’organiser les femmes du village, pour qu’elles puissent gagner en autonomie et contribuer ensemble au mieux-être de leurs ménages.

Un modèle d’autonomisation basé sur l’entraide

Au sein de la coopérative, un système d’épargne et de crédit interne permet aux femmes de mettre de côté leurs petits revenus et de disposer d’un fonds de secours accessible en cas de besoin.

« Souvent nos maris viennent demander : Hé Pierrette, donne-moi 500 francs ! », raconte Alice Dakiélé dans un sourire.

« Cet argent nous permet d’aider la maison, de scolariser nos enfants et d’éviter à nos maris d’aller demander des prêts ailleurs. »

Grâce à ces mécanismes, aucun enfant de la coopérative n’est aujourd’hui hors du système scolaire, un motif de fierté pour les femmes.

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Le PDC2V, un tournant majeur : de 5 à 15 hectares

Longtemps en quête de financement, la coopérative voit une opportunité décisive avec l’arrivée du PDC2V. « Dieu a exaucé nos prières », confie la présidente. « Ils nous ont demandé de faire 5 hectares, mais nous avons dit : non, on va en faire 15 ! »

L’appui du projet a permis l’acquisition d’un tracteur, de billoneuse, deux tricycles de matière organique et d’intrants de qualité, ouvrant ainsi la voie à une agriculture modernisée.

Les effets sont visibles, amélioration des rendements, sols mieux travaillés, baisse de la dépendance aux engrais, renforcement de la capacité de production.

Une organisation disciplinée : 150 femmes mobilisées

Pour Amani Nagassi Michelle, Directrice de la coopérative, l’engagement des femmes n’a pas été difficile à obtenir : « Ce sont des femmes dynamiques, qui ne reculent pas devant le travail. La subvention a été une aubaine. Elles ont adhéré sans hésiter. »

Les 150 membres se retrouvent une à deux fois par semaine pour travailler dans le champ commun, accompagnées d’un technicien agricole pendant les phases sensibles de production.

Parallèlement, chacune entretient son propre champ familial. La coopérative fonctionne ainsi comme un appui complémentaire, structuré et efficace.

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Transformation du manioc : un savoir-faire à relancer

SO CO TEN’D ne produit pas seulement : elle transforme le manioc en pâte, un produit qu’elle exportait avant la crise sanitaire. Aujourd’hui, avec le regain de production, la coopérative envisage de relancer ses circuits d’exportation et de renforcer sa présence sur le marché national. « Le manioc est devenu rare. La demande est forte. Le marché est vaste », souligne la directrice.

La coopérative compte s’appuyer sur son expérience, ses anciens partenaires et son nouvel outil de production pour développer davantage de produits dérivés.

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Contribuer à la sécurité alimentaire nationale

À travers ce projet, les femmes de Koukoguhé ne cherchent pas seulement à améliorer leurs conditions de vie. Elles veulent aussi jouer un rôle dans la consolidation de la sécurité alimentaire du pays. « Tout ce qu’on fait, c’est pour nourrir nos familles, mais aussi notre nation », affirme la direction.

Avec ses 15 hectares de manioc, son organisation rigoureuse et son ambition de développer la transformation, la coopérative SO CO TEN’D s’impose progressivement comme un modèle de résilience, de solidarité et de leadership féminin en milieu rural.

Aimé Kouassi


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