Dossier : la Côte d’Ivoire, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Banque Mondiale dessinent l’avenir avec le GFF

Les financements levés dans le cadre du GFF sont destinés à l'amélioration de la santé des femmes, des enfants et des adolescents
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GFF – Mécanisme de financement mondial pour les femmes, les enfants et les adolescents. Ce partenariat, hébergé par la Banque Mondiale et piloté par les pays, vise à lutter contre la pauvreté. Ainsi que les inégalités. Comment ? En renforçant les systèmes sanitaires. Et en améliorant l’accès à la santé pour les femmes, les enfants et les adolescents. Dans le cadre du GFF, les pays collaborent pour renforcer les capacités du système, aligner les financements sur un plan de santé prioritaire et débloquer les politiques, les financements et les systèmes qui améliorent la santé.

Par son action, le mécanisme GFF catalyse donc les ressources publiques et privées. Afin de faire progresser la santé et les droits. Surtout pour les femmes et les enfants. De la sorte, il permet la mise en place de systèmes sanitaires plus résistants. Des systèmes produisant de meilleurs résultats pour tous, atténuant l’impact des chocs futurs, prévenant la propagation des maladies et mettant les Etats sur la voie du développement et de la prospérité.

Des progrès réalisés

C’est la nouvelle de ce début de mois de juillet 2023, en matière de santé et de droit. Alors que les progrès stagnent et que le déferlement de crises compromet la santé, les droits et les opportunités pour les femmes et les enfants, des nations et une institution ont décidé de prendre le taureau par les cornes. En effet, la Côte d’Ivoire, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Banque Mondiale ont lancé une campagne de collecte de fonds pour soutenir l’outil de coopération internationale. Le nom de cette campagne ? « Dessinons l’avenir ».

Il faut savoir que, actuellement, plus de 4,5 millions de femmes et de bébés perdent la vie, chaque année, soit pendant la grossesse, l’accouchement. Ou durant les premières semaines après la naissance. Pourtant, ces décès surviennent dans des conditions évitables, pour la plupart des cas. Depuis son activation, ce vaisseau de financement travaille avec 36 pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure. Et, grâce au soutien du GFF, ils ont réalisé des progrès significatifs, ces huit dernières années. A titre d’exemple, par ce biais : 

  • 96 millions de femmes ont bénéficié d’au moins quatre consultations de soins prénatals
  • 103 millions de femmes ont accouché en toute sécurité
  • 111 millions de nouveau-nés ont bénéficié d’un démarrage précoce de l’allaitement maternel
  • 500 millions de femmes ont eu accès à des méthodes modernes de planification familiale
  • 187 millions de grossesses non désirées ont été évitées

Concernant cette campagne dénommée « Dessinons l’avenir », l’objet de celle-ci est la collecte, a minima, de 482 milliards FCFA en 2023. Et cela, à travers un partenariat piloté par les pays, au sein de la Banque Mondiale. Ce financement devrait aboutir à la mobilisation de 12.353 milliards FCFA d’ici 2025, dans l’optique d’assurer un avenir sanitaire radieux aux femmes, aux enfants et aux adolescents les plus vulnérables du monde. En outre, cette enveloppe devrait aider les pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure à investir dans des systèmes de santé primaire aptes à répondre aux besoins de la cible dudit programme.

Il faut dire que ce nouveau plan intervient dans un contexte de tensions économiques et budgétaires mondial. En tout état de cause, en raison de son modèle partenarial unique, conçu pour maximiser les financements concessionnels, les demandes de soutien augmentent. Pour rappel, ce dispositif financier a été créé aux premiers jours de l’ère des ODD – Objectifs de Développement Durable. Echafauder comme un nouveau modèle d’accompagnement, il est piloté par les pays, de manière, non seulement, à accélérer les investissements en soins de santé. Mais également à permettre aux femmes, aux enfants et aux adolescents de se soigner et s’épanouir.

Garantir la santé de 250 millions de femmes, enfants et adolescents

Une initiative louable. Puisque plus de 60 pays (dont 35 des 36 pays partenaires du mécanisme) peinent à atteindre les objectifs de santé des ODD. Notamment, concernant la réduction de la mortalité maternelle, néonatale, et de la mortinatalité. Clairement, cette campagne souligne, et à escient, le besoin évident et urgent d’améliorer la couverture des services de santé essentiels. Et d’investir dans des systèmes de santé plus solides. Spécialement aujourd’hui, dès lors que la Covid-19 a affiché, au grand jour, les limites et lacunes des régimes sanitaires actuels. En conséquence, présentement, il est plus que judicieux, pour un pays — et la communauté Internationale — de prioriser les investissements en ce sens. Pour la prospérité future de l’humanité.

Selon ses parties prenantes, via les programmes de ce mécanisme de financement, plus de 250 millions de femmes, enfants et adolescents auraient accès à des services de santé essentiels. Parmi eux, un minimum de quatre consultations de soins prénatals, des soins postnatals, des vaccinations et des contraceptifs modernes. C’est pourquoi, par son biais, ils veulent mobiliser :

  • 4.821 milliards FCFA de la Banque Mondiale (IDA/BIRD), dont 1.205 milliards FCFA de nouveau financement 
  • 3.013 milliards FCFA des partenaires internationaux de développement
  • 4.519 milliards FCFA de ressources nationales des Etats

S’exprimant sur cette campagne, S. E. Patrick Achi, Premier ministre de la Côte d’Ivoire estime que : « Des systèmes de santé solides et équitables sont des éléments essentiels du développement durable. Et de la croissance économique. C’est pourquoi nous coorganisons la campagne « Dessinons l’avenir ». L’approche du GFF fonctionne et, en Côte d’Ivoire, elle a permis d’améliorer la santé. Aujourd’hui, un financement plus important est nécessaire. Pour que davantage de pays puissent ouvrir des perspectives à des millions de femmes, d’enfants et d’adolescents. Afin d’assurer un meilleur avenir pour tous. Car Il n’y a pas de meilleur investissement. »

Quant à Svenja Schulze, ministre fédérale de la Coopération économique et du Développement, Allemagne, elle a dévoilé que : « Cette année, elle a lancé sa politique de développement féministe. Son objectif est de renforcer les droits, la représentation et les ressources des femmes. C’est exactement ce que fait le GFF ce mécanisme de financement en transformant les investissements en faveur de la santé des femmes, des enfants et des adolescents. C’est pourquoi, avec la Côte d’Ivoire, les Pays-Bas et la Banque mondiale, l’Allemagne coorganise la campagne « Dessinons l’avenir ». Afin d’attirer l’attention politique et les investissements nécessaires pour sauver des vies. Et garantir les droits et les opportunités des femmes et des enfants. »

La santé, premier droit des femmes, des enfants et des adolescents ?

Liesje Schreinemacher, ministre du Commerce extérieur et de la Coopération au développement, elle, explique que les Pays-Bas coorganise la campagne du GFF « Dessinons l’avenir » avec l’Allemagne, la Côte d’Ivoire et la Banque mondiale parce que : « Nous savons que la priorité à donner aux besoins et aux droits des femmes, dans le monde entier, commence par la santé (…)

Investir dans les droits et la santé sexuels et reproductifs des femmes est l’une des actions les plus efficaces qu’un pays puisse entreprendre. Cela permet d’atténuer l’impact des chocs futurs, libère le potentiel des femmes et des filles. Et met les pays sur la voie du développement et de la prospérité. Dans le cadre de cet effort, nous sommes fiers de tripler notre contribution au GFF, pour un total de 59 milliards FCFA jusqu’en 2025. Et nous appelons les autres bailleurs de fonds à augmenter leur investissement. Et à rejoindre le GFF. »

Enfin, selon Mamta Murthi, vice-présidente du Développement humain, Banque Mondiale : « En investissant dans le GFF, les partenaires de développement catalysent des milliards de dollars de financement pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents (…)

Afin d’améliorer la santé et le bien-être. Et de donner aux femmes les moyens d’être des agents du changement dans leurs communautés. Dans le cadre de sa mission, qui consiste à aider les pays à dessiner un meilleur avenir, le GFF soutient des changements durables. En contribuant à la mise en place de systèmes de santé plus résilients et plus équitables. »

Avec un GFF entièrement financé, 27 pays partenaires actuels bénéficieront d’un deuxième cycle de subventions. Le soutien sera, ensuite, étendu à 7 nouveaux pays éligibles au GFF pour la première fois. Cela permettra d’accélérer la prestation de services pour atteindre les femmes, les enfants et les adolescents qui en ont le plus besoin, en leur offrant des services vitaux – les niveaux de service pour les interventions sanitaires de base passant de 29 % à 44 % pour les femmes utilisant des contraceptifs modernes, de 59 % à 66 % pour les femmes enceintes bénéficiant d’au moins quatre consultations de soins prénatals, de 72 % à 77 % pour les femmes qui accouchent dans un établissement de santé et de 83 % à 87 % pour les enfants bénéficiant d’une vaccination complète. L’emploi de ces ressources contribuera, également, à renforcer l’action pour l’égalité de genre et faciliter la participation sociale, économique et politique. 

KOFFI-KOUAKOU Laussin