Défendre les intérêts de l’Afrique
Fondateur du cabinet de conseil financier JPG Consulting Partners Group qu’il a créé en 2018, Junior Mbuyi est l’auteur de l’ouvrage intitulé « Une superpuissance Africaine en devenir – Quand la RDC s’éveillera », publié en octobre 2023 et préfacé par George Arthur Forrest. L’année dernière, il s’est fréquemment rendu en RDC non seulement pour œuvrer auprès de sa Fondation, mais également pour des rencontres avec le Président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi.
En juin 2023, Junior Mbuyi est intervenu aux Journées Nationales des Diasporas et de l’Afrique, ainsi qu’aux Assises de la Parité (à Bercy, France). En juillet 2023, il était aux Rencontres Economiques d’Aix-en-Provence (France) pour discuter des grands enjeux économiques, politiques et sociaux. 02 mois plus tard, en septembre 2023, Junior Mbuyi a effectué une tournée aux Etats-Unis, où il a été reçu par la Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire Internationale (FMI), avant une étape à Bruxelles (Belgique) pour une entrevue à la Commission européenne.
En novembre 2023, il a organisé à Paris (France) un événement pour rassembler et fédérer la diaspora Congolaise dénommé : « La démocratie Africaine en action ». Lors de son passage à Abidjan (Côte d’Ivoire) en août 2024 pour divers rendez-vous professionnels, nous avons eu une conversation informelle avec Junior Mbuyi, dans un salon du Capitol Hôtel, sur les enjeux économiques et financiers de l’Afrique et de sa diaspora dans un monde en mutation.
Mardi dernier, à la veille du FOCAC débuté le 04 septembre 2024 et qui s’achève le 06 septembre 2024, nous avons joint par téléphone ce membre du Centre Africain de Veille et d’Intelligence Economique (CAVIE), afin qu’il nous partage son expertise des relations d’affaires entre la Chine et la RDC.
KOFFI-KOUAKOU Laussin (K.K.L.) : Ma première question pour vous, Junior Mbuyi, concerne les partenariats entre la RDC et la Chine. Quels sont les secteurs dans lesquels ces partenariats se nouent ?
Junior Mbuyi (J.M.) : Ces partenariats touchent principalement les domaines des industries minière et énergétique. Comme on le sait, la RDC regorge d’un certain nombre de matières premières stratégiques nécessaires à l’économie mondiale et surtout à la Chine qui est très demandeuse de cobalt, de coltan pour ses industries automobile et High Tech. De nos jours, ces minerais sont des intrants essentiels dans la production de smartphones, d’ordinateurs, de data centers, etc.
K.K.L. : Comme vous l’avez évoqué Junior Mbuyi, le sous sol de la RDC est extrêmement riche en minerais de toutes sortes et surtout en minerais stratégiques. Quelles sont les zones du pays les plus fournies en la matière ?
J.M. : On a notamment l’Est de la RDC qui regorge de ce fameux minerai qui est le coltan, un minerai indispensable à la fabrication des téléphones portables, des ordinateurs… On y trouve aussi, entre autres, le lithium qui aujourd’hui, avec le changement climatique et l’ère des nouvelles technologies, est un minerai capital pour la confection des batteries des véhicules électriques.
K.K.L. : La Chine investit beaucoup en Afrique. Elle est même aujourd’hui le principal partenaire des pays Africains. Pouvez-nous nous éclaircir sur l’état de la balance commerciale Chine-RDC, Junior Mbuyi ?
J.M. : Aujourd’hui, ce que je peux dire par rapport à cela, c’est que la balance commerciale entre la Chine et l’Afrique en général, tout comme les échanges commerciaux Sino-Congolais particulièrement, est à ce jour assez déséquilibrée, puisque les Etats Africains, et notamment la RDC, importent massivement des biens en provenance de la Chine (…)
Cela fait moins d’entrée de devises côté Afrique puisqu’elle achète plus qu’elle ne vend. Par contre, l’une des solutions serait d’aller vers une économie de plus en plus inclusive, avec une transformation des matières premières locales en Afrique, et en RDC en l’occurrence, afin de pouvoir exporter et vendre ces produits finis directement, soit en Chine, soit à l’étranger, et collecter ainsi de la devise. Cela permettrait de rééquilibrer la balance commerciale.
K.K.L. : L’autre point que j’aimerais maintenant aborder avec vous, Junior Mbuyi, a trait aux projets financés par la Chine en RDC. En effet, l’on observe ces derniers temps que les investissements de la Chine s’orientent beaucoup et de plus en plus vers les infrastructures et le secteur de l’énergie verte. Est ce le cas en RDC ? Et, question subsidiaire pour vous Junior Mbuyi, les entreprises Chinoises se financent-elles, totalement ou partiellement, sur le marché bancaire de la RDC pour développer des projets dans le pays ?
J.M. : Concernant le financement des entreprises Chinoises, la Chine, comme on le sait, est aujourd’hui une puissance économique qui n’est plus à démontrer. La Chine, par exemple, détient la plus grande réserve de dollars, plus que les Etats-Unis. En termes de finance, les Chinois n’ont pas besoin de financement en local, ce qui est d’ailleurs un peu dommage, car cela pourrait faire tourner l’économie, sachant que pour injecter de la croissance dans une économie, il faut quelque part du crédit (…)
Les Chinois, effectivement, avec leurs moyens colossaux, arrivent et payent comptant, financent comptant leurs projets en RDC. S’ils recourent à des financements, cela se fait dans leur pays d’origine, en Chine, où ils vont avoir accès ou solliciter des prêts pour venir investir dans les projets d’infrastructure. Maintenant, sur les projets en tant que tels où la Chine est omniprésente, il y a, comme on l’a dit, les infrastructures en RDC. La RDC a un problème d’infrastructures routières et ferroviaires. Je pense qu’aujourd’hui, le positionnement de la Chine, pour qu’il soit intéressant, serait de continuer d’investir massivement dans ces secteurs-là (…)
Toutefois, Le point de vigilance qu’on peut mettre en exergue est sur le suivi. L’on sait qu’il y a eu des accords, notamment, le fameux grand contrat du siècle qui a été revisité par la Chine et la RDC, où il y a eu des attendus, côté RDC, au niveau des livrables, en termes d’infrastructures, qui étaient prévues par ces accords, mais n’ont pas été menées à bout et n’ont pas été réalisées correctement. C’est en définitive à la RDC de mettre en place, conjointement avec le gouvernement Chinois, des éléments de contrôle ou des moyens pour pouvoir suivre l’avancée des travaux, conformément aux cahiers des charges qui ont été définies au préalable avec les instances des deux pays.
K.K.L. : Le FOCAC se déroule du 04 septembre 2024 au 6 septembre 2024 à Beijing et les attentes des pays par rapport à ce nouveau sommet sur la coopération Chine-Afrique sont nombreuses. Junior Mbuyi, d’un point de vue économique et financier, quelles sont justement vos attentes vis-à-vis de ce sommet ?
J.M. : Aujourd’hui, on est dans un contexte géopolitique où nous voyons que nous ne sommes plus dans une phase de bipolarité du monde. Nous sommes plutôt maintenant dans un contexte multipolaire, avec les regroupements de différents pays, de nouveaux blocs économiques qui commencent à émerger, notamment les BRICS auxquels je fait référence (…)
D’un point de vue économique, on sait que l’Afrique a longtemps été, et continue à l’être par moment, sous la tutelle, entre guillemets, des anciennes nations à la tête des empires coloniaux. L’idée n’est pas d’aller à ce forum économique, Sino-Congolais ou Sino-Afrique, pour substituer l’ancienne tutelle par une nouvelle tutelle Chinoise, mais plutôt d’essayer de tisser des liens économiques et des partenariats gagnant-gagnant, avec comme retour des effets bénéfiques pour les deux parties, le continent Africain et la Chine.
En conclusion de notre interview téléphonique, Junior Mbuyi a ajouté que ce renforcement du partenariat économique entre la Chine et l’Afrique, et notamment la RDC, gagnant-gagnant, a des avantages et des intérêts pour les deux parties, puisqu’en entrant dans un contexte inclusif, cela permettrait, d’une part, de créer une dynamique sur le marché de l’emploi. Et pour cause. D’ici 2050, l’Afrique sera le Continent à la plus forte démographie sur le globe. Cette population sera jeune et les moins de 25 ans représenteront 60% de celle-ci. Pour Junior Mbuyi, il y a donc là un vrai enjeu sur ce sujet et il faut que les gouvernements Africains anticipent ce boom démographique. Selon Junior Mbuyi, une initiative comme le FOCAC 2024 est très intéressante, parce qu’elle permet de mettre en lumière les secteurs stratégiques des différents parties qui sont à mettre en avant. Ce type d’initiative peut engendrer des effets bénéfiques pour les 02 parties, si et seulement si les paroles et engagements pris sont suivis d’actes.
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