Production cacaoyère : Le swollen shoot, une maladie grave qui menace le verger du leader mondial du cacao

TOF CACAO SHOLLEN
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Le swollen shoot est une maladie grave du cacao, détruit les feuilles et les branches des cacaoyers entraînant le dessèchement et la mort des arbres au bout de 5 ans.

En Côte d’Ivoire avec une recrudescence importante en 2003, le Swollen Shoot, maladie du cacaoyer, menace fortement la production cacaoyère du pays. Un véritable défi pour l’Etat ivoirien et la filière cacao du pays qui représente aujourd’hui 40% des exportations nationales, et 40% de la production mondiale.

En 2018, le Conseil du café-cacao et le Ghana ont lancé la destruction 100 000 hectares de plantation de cacao au cours des prochaines années pour tenter d’enrayer le Swollen shoot, une maladie qui dévaste la production des zones contaminées et qui menace le verger du leader mondial du cacao.

L’opération d’arrachage a été lancée le 22 janvier 2018 à Oukoukoffikro, un village situé dans le centre ouest du pays, par le directeur général du Conseil Café Cacao, Yves Koné. C’est en effet l’unique solution qui se présente face à un mal pour lequel il n’existe aucun traitement. « (…) la maladie est en progression dans le verger et l’arrachage des cacaoyers malades s’impose comme la seule solution face à ce fléau », a expliqué le patron du CCC.

Cette maladie n’est pas nouvelle

La maladie du swollen-shoot, encore appelée Cocoa Swollen Shoot Virus, ou CSSV a été décrite pour la première fois au Ghana dans les années 1930. La maladie a ensuite été détectée au Togo à la fin des années 40, puis au Nigéria et en Côte d’Ivoire, dans plusieurs régions situées à l’est du pays (Kongodia, Issia, Adzopé, Apromponou, Sankadiokro). A l’époque, cette maladie ne s’étendait pas et n’était donc pas considérée comme une menace pour la cacaoculture ivoirienne. Pourtant, dans les années 2000, de nouveaux foyers se sont développés dans de nombreuses zones de production du pays et aujourd’hui, la maladie affecte les principaux bassins de production. Le CSSV constitue maintenant la principale menace qui pèse sur la cacaoyère ivoirienne.

Un virus qui s’attaque aux plantes

La maladie du swollen shoot est due à au moins une dizaine d’espèces de virus du genre Badnavirus appartenant à la famille des Caulimoviridae. Ces virus ne sont observés sur le cacaoyer qu’en Afrique de l’ouest, et non en Amérique latine la région d’origine du cacaoyer, et il est probable qu’ils aient été transmis au cacaoyer à partir de plantes hôtes sauvages de la famille des Malvaceae. Dans les organes infectés de la plante, le virus est surtout présent dans les cellules compagnes du phloème. Ils provoquent des désordres de croissance des tissus et gêne la circulation de la sève, entraînant la mort des cacaoyers en quelques années.

Une maladie très contagieuse transmise par les cochenilles farineuses

Lorsqu’un foyer apparaît dans une plantation, il s’étend rapidement jusqu’à atteindre la plantation voisine et détruire de grandes surfaces de cacaoyères. Comment cela se fait-il ?

Ce sont en fait de petits insectes très discrets, les cochenilles farineuses, qui transmettent le virus d’un cacaoyer malade à un cacaoyer sain. En piquant le cacaoyer malade pour se nourrir, la cochenille se charge du virus qu’elle transporte ensuite sur un autre cacaoyer, infecté à son tour au moment d’une nouvelle piqûre. Les cochenilles sont généralement peu mobiles mais les tout jeunes stades de développement peuvent se déplacer d’un cacaoyer à l’autre en empruntant les branches qui s’entrecroisent. Les cochenilles peuvent également être transportées par le vent ou les fourmis, ce qui leur permet de voyager sur de plus longues distances. Ces deux modes de transport peuvent expliquer l’apparition de nouveaux foyers dans des zones indemnes de maladie. Enfin, les cochenilles vivent souvent sur plusieurs plantes et arbres sauvages dans la nature et certaines de ces plantes hébergent le virus. C’est ainsi qu’apparaissent de nouveaux foyers.      

L’éradication du Swollen Shoot : un travail de longue haleine

La lutte contre le Swollen Shoot consiste actuellement à le circonscrire, puisqu’il n’existe à ce jour aucun remède contre ce virus. Ce processus s’opère sur 4 volets : la prospection et la délimitation des zones infectées ; l’arrachage et la destruction des pieds infectés ; la replantation avec une distance minimale de 10 m entre les ancienne et les nouvelles plantations, incluant la mise en place d’une barrière d’isolation constitué de plantes résistantes au virus, car il faut savoir que ce virus compte également plusieurs autres espèces végétales parmi ses hôtes ; et l’inspection régulière des nouvelles plantations. Une lutte nécessitant des moyens considérables, à laquelle le ministère ivoirien de l’Agriculture préconise une synergie d’actions et de recherche de fonds en particulier au niveau du partenariat public-privé.

Aimé Kouassi