Lors de la première journée de l’Assemblée pour le développement économique de l’Afrique, qui s’est tenue les 9 et 10 octobre 2024 au Palais des Congrès du Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan, le ministre ivoirien des Finances et du Budget, Adama Coulibaly, a plaidé en faveur d’une réforme significative afin de réduire la dette des pays africains. Cet événement vise à soutenir la campagne de reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA-21).
Coanimé par plusieurs figures importantes, y compris Neal Herman Rijkenberg, ministre des Finances de l’Eswatini, et Mick Sheldrick, co-fondateur de Global Citizen, le panel « Repenser la dette : des solutions innovantes pour accélérer le développement » a mis en lumière les enjeux cruciaux de la dette en Afrique.
La nécessité de revoir la perception du risque pays
Lors de son intervention, le ministre Coulibaly a souligné la nécessité de réviser les critères de perception du risque pays, qui contribuent aux taux d’intérêt élevés auxquels les États africains sont confrontés. Il a insisté sur le besoin urgent d’une réforme visant à établir des dispositifs permettant de réduire ces coûts.
Selon lui, « les pays doivent pouvoir contracter des prêts dans les meilleures conditions possibles. Si les ressources domestiques sont insuffisantes, ils doivent recourir à la dette. Ainsi, il est essentiel d’établir des mécanismes qui abaissent le coût de cette dette. » Il a également suggéré que la Banque mondiale joue un rôle de leader dans cette révision, afin de mieux refléter la réalité économique des pays en développement.
Un décalage alarmant entre perception et réalité
Au cours de ses réflexions, le ministre a cité un rapport de la CNUCED publié en juin 2024, qui met en évidence que les charges de la dette des pays en développement s’élèvent à 850 milliards de dollars en intérêts, une augmentation de 26% par rapport à 2021. Il a précisé que les coûts de financement en Afrique varient considérablement : certains pays empruntent à 0% tandis que d’autres doivent faire face à des taux très élevés.
Il a illustré cette disparité par les taux d’intérêt sur les eurobonds : entre 2020 et 2024, le taux moyen pour les pays africains était de 9,8%, contre 2,5% pour les États-Unis et 0,8% pour l’Allemagne. Ces chiffres révèlent un problème systémique, où les pays en développement subissent des pénalités en raison de la perception de risque qui les entoure.
Des réformes cruciales pour soutenir le développement
Le ministre a également rappelé qu’au-delà de la simple catégorisation entre pays pauvres et riches, la véritable question est la capacité des pays à honorer leurs engagements financiers. Ainsi, la solvabilité – c’est-à-dire la capacité à fournir un retour sur investissement et à payer les dettes – doit être le critère déterminant pour l’accès à des ressources à des conditions favorables. Adama Coulibaly a souligné que le risque pays doit être traité de manière fondamentale, car les pays africains ont un besoin urgent d’investissements pour leur développement. Il a noté qu’entre 130 et 160 milliards de dollars par an seraient nécessaires pour financer les infrastructures du continent, questionnant l’éventualité de réaliser cela avec des taux d’intérêt si élevés. Enfin, il a salué l’IDA pour ses efforts d’investissement à des conditions concessionnelles, contribuant ainsi à la lutte contre l’extrême pauvreté à l’échelle mondiale. Le thème de cette 21e campagne de reconstitution des ressources de l’IDA-21, organisée par Global Citizen et Bridgewater Associates, est : « Mettre fin à la pauvreté sur une planète viable : avoir un impact avec urgence et ambition ».
Aimé K.
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