Le président de la Chambre Nationale des Métiers de Côte d’Ivoire, BAMBA Kassoum, revient dans cet entretien sur le processus d’inscription des apprentis et artisans pour la première session de l’examen du Certificat de Qualification aux Métiers (CQM). Entretien.
La Chambre Nationale des Métiers est engagée auprès du Ministère de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Apprentissage et du ministère du Commerce et de l’Industrie pour le pilotage d’un vaste programme de valorisation de l’apprentissage traditionnel et informel. Cela à travers la création d’un Certificat de Qualification aux Métiers. Comment les artisans accueillent cette initiative du Gouvernement ?
L’introduction du Certificat de Qualification aux Métiers dans notre milieu est à saluer. Je tiens à remercier le Président de la République, SEM Alassane Ouattara, et son Gouvernement. Je salue particulièrement les efforts des ministres N’Guessan Koffi et Souleymane Diarrassouba. Ce programme va permettre aux artisans d’obtenir des diplômes et de valoriser les différentes compétences de milliers de travailleurs. Il faut avouer que nous avons longtemps espéré l’avènement de ce parchemin. Dans le milieu de l’artisanat. Car, il y a des compétences. La Côte d’Ivoire, depuis plusieurs années, est en chantier. Cependant par manque de qualification de nos maîtres-artisans et de nos apprentis, nous ne profitons pas de cette embellie économique. Nos artisans ont du mal à décrocher des parts de marché. Cela parce qu’il faut présenter la preuve de son savoir-faire. C’est-à-dire un diplôme et d’autres documents pour participer aux appels d’offre. Le Certificat de Qualification aux Métiers est donc un parchemin qui manquait à nos artisans. En plus de la reconnaissance que le CQM vient affirmer, nos actions combinées, dans le cadre de ce programme, vont surtout permettre à notre secteur de sortir de l’informel. Cela parce que désormais, on aura une traçabilité de tout le parcours professionnel de l’artisan, du maître-artisan et de son apprenti. Que ce soit l’Etat ou la Chambre des Métiers de Côte d’Ivoire, nous avons tous intérêts à réussir ce pari de diplomation de nos artisans afin de sortir le secteur de l’informel et d’augmenter l’assiette fiscale. Dans un avenir proche, tout artisan ou maître artisan qui ne détient pas de Certificat de Qualification de son métier ne pourra pas exercer et installer un atelier. Le CQM est donc notre passeport pour demain et un moyen sûr de sortir de notre milieu informel.
Sur le terrain, est ce que vous sentez un réel engouement des artisans pour ce Certificat de Qualification aux Métiers ?
La mobilisation est totale du côté de la Chambre Nationale des Métiers. J’invite d’ailleurs tous les artisans à adhérer au processus en cours en ce moment. Ce diplôme a été institué pour le bien des artisans de Côte d’Ivoire. Nous avons démarré les inscriptions le mercredi 25 juin 2025. Cette phase devait s’achever le samedi 12 juillet 2025. Mais plusieurs artisans et maître artisans ont plaidé afin de bénéficier de plus de temps pour achever les inscriptions. Le Ministère de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Apprentissage vient d’accéder à cette demande de la Chambre des Métiers. Les inscriptions et les paiements ont été prorogés et se dérouleront jusqu’au jeudi 31 juillet 2025 à 17H30 sur la plateforme www.examenscqm.ci. (…) Nous sommes satisfaits du processus conduit par les deux ministères et la Chambre Nationale des Métiers. Nous avons invité tous nos élus départementaux et les présidents régionaux de la Chambre de s’impliquer dans cette campagne qui vise à contribuer à la formalisation des parcours de formations dans les unités artisanales afin de reconnaitre et certifier les compétences acquises par les apprentis à travers un examen sanctionné par un diplôme.
Les enjeux de cette campagne de valorisation de l’Apprentissage traditionnel et informel sont énormes. On parle de 250 métiers qui pourront faire l’objet de certification à travers des examens. Pour cette première session, 32 métiers ont été retenus. Comment s’est opéré le choix de ces 32 métiers ?
Conformément au règlement d’exécution N°04/2018/ UEMOA du 11 avril 2018 fixant la nomenclature des activités de l’artisanat au sein de l’UEMOA et le décret signé par le Président de la République, nous avons identifié près de 250 métiers que l’on peut exercer dans le milieu de l’artisanat. Pour cette première session, nous sommes en phase d’apprentissage avec seulement 32 métiers pour commencer. Il s’agit des métiers de Blanchisseurs, Boulangers, Brodeurs, Cameramen, Carreleurs, Carrossiers Couturiers homme et dame, Esthéticiens, Électroniciens, plombiers, Tapissiers, Vulcanisateurs etc…. Lorsque nous allons atteindre notre vitesse de croisière, nous aurons plus de métiers inscrits pour les prochaines sessions. Il faut comprendre que près de 40% de la population active évoluent dans le secteur de l’artisanat et exercent par conséquent un métier. Pour la session du mois d’août, nous visons 10.000 apprentis inscris pour le CQM. Nous avons même donné des instructions à nos membres pour aller jusqu’à 20.000 apprentis inscrits pour cette première session du Certificat de Qualification aux Métiers.

Une difficulté majeure a été levée par le nouveau communiqué qui proroge la date des inscriptions des artisans pour cette première session du Certificat de Qualification aux Métiers. L’apprenti peut désormais faire acte de candidature sans la caution du Maître d’Apprentissage. Cette disposition était-elle un préalable pour la réussite de l’opération d’inscription ?
En effet, le communiqué du ministère de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Apprentissage annonce une innovation de taille avec la possibilité désormais pour toute personne désireuse de faire acte de candidature de pourvoir le faire librement sans la caution du Maître d’Apprentissage (Patron ou Patronne). Notons que trente-deux (32) métiers sont concernés pour cette première session. (…) Cette nouvelle disposition va réguler le processus d’inscription de nos artisans. On ne peut pas demander aux Maître d’Apprentissage (Patron ou Patronne) de jurer sur l’honneur. Nous pensons que l’apprenti est déjà majeur, il peut valablement signer son attestation afin de présenter l’examen du CQM. Cela n’empêche pas que le Maître d’Apprentissage, c’est-à-dire son patron ou sa patronne, puisse l’accompagner tout au long du processus de certification. Au niveau de la Chambre Nationale des Métiers de Côte d’Ivoire nous déployons également tout un dispositif pour accompagner les artisans et les apprentis, candidats aux CQM.
Vous avez un appel à lancer à tous les artisans de Côte d’Ivoire pour la réussite de cette opération de certification ?
Nous sommes mobilisés avec le ministère de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Apprentissage et le Ministère du Commerce et de l’Industrie pour la réussite de cette campagne. Les artisans et les maîtres artisans sont intéressés par ce programme. Au départ, certains maîtres-artisans refusaient d’inscrire leurs apprentis. Ces maîtres d’apprentissage craignaient de voir les apprentis obtenir des diplômes alors qu’eux-mêmes n’ont pas de parchemin. Nous avons rassuré tout ce monde. Car, le Ministère de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Apprentissage déploie également un programme de Valorisation des Acquis de l’Expérience (VAE) pour nos maître-artisans qui va permettre à nos maîtres d’apprentissage d’avoir des CAP et BT. De plus, les maîtres artisans qui sont intéressés peuvent passer l’examen du CQM. Donc, tout le monde est gagnant dans cette affaire. J’invite tous les artisans à s’approprier ce processus. Le CQM vient pour nous donner un diplôme. Le processus de certification permettra à nos artisans de s’installer légalement et de participer aux différents appels d’offre. En définitif, le Certificat de Qualification aux Métiers vient pour moderniser le secteur de l’artisanat en Côte d’Ivoire. C’est un diplôme qui sera exigé à l’avenir pour exercer tout métier en Côte d’Ivoire.
Aicha Mambassou Koné
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