Que se passe-t-il dans le monde feutré du notariat en Côte d’Ivoire ? Une profession autrefois synonyme de rigueur et d’intégrité est aujourd’hui éclaboussée par une série d’affaires judiciaires mettant en cause plusieurs notaires. Escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux, blanchiment de capitaux : la liste des griefs est longue, et les audiences se multiplient devant le Pôle pénal économique et financier.
Selon Pressivoire.com, le lundi 14 juillet 2025, une nouvelle affaire est venue s’ajouter à la liste. Elle implique une ex-employée d’une coopérative d’épargne et de crédit (Coopec) de l’ouest du pays. Détenue depuis 27 mois, l’ancienne chargée des affaires juridiques et du suivi des contrats est soupçonnée d’avoir, avec la complicité d’une notaire, détourné des successions de personnes décédées, en se passant de l’aval des ayants droit.
Devant la barre, la notaire citée dans l’affaire s’est défendue :
« Je n’ai pas reçu les dossiers, je n’ai jamais rencontré les ayants-droits, je faisais confiance à la prévenue. Je lui ai remis l’argent. Je reconnais que c’est une erreur », aurait-elle déclaré.
Le procès a été renvoyé au 5 novembre 2025.
Et ce n’est pas un cas isolé. Toujours devant le même pôle, dans une autre affaire liée à un marché de carburant, Me Juliette B. a été condamnée pour avoir prêté sa signature et donné une légitimité juridique à une opération d’escroquerie et de blanchiment de capitaux. Une autre notaire est actuellement entendue dans une affaire portant sur la perception de frais relatifs à des arrêtés de concessions définitives sur des terrains litigieux.
Face à cette succession de scandales, la profession tente de se défendre. Pressivoire.com a contacté deux notaires, qui ont exprimé leur inquiétude.
« Nous sommes des humains, et parfois, nous faisons confiance à tort. Ce n’est pas un métier où l’on peut s’amuser. C’est une fonction à vie, et il faut des mesures pour que cela cesse », confie l’un d’eux, ajoutant avoir évoqué le sujet lors d’une réunion avec le président de la Chambre des notaires.
Un autre notaire interrogé tempère, tout en soulignant la gravité de la situation :
« Heureusement que ce ne sont pas tous les notaires. Beaucoup de choses se disent, mais nous savons tous ce qui se passe. »
Certains appellent aujourd’hui à un encadrement plus rigoureux de la profession, et demandent au gouvernement d’intervenir pour renforcer les contrôles et restaurer la confiance.
À mesure que les révélations se succèdent, une question reste en suspens : comment protéger les citoyens et réhabiliter une profession essentielle à la sécurité juridique du pays ?
Aimé K.
Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de abidjaneconomie.net même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.
En savoir plus sur ABIDJAN ECONOMIE
Subscribe to get the latest posts sent to your email.