Le mardi 22 juillet 2025 restera une date marquante dans la lutte contre la dégradation environnementale en Côte d’Ivoire. Ce jour-là, l’Abidjan Legacy Program (ALP) et l’organisation Agir pour l’Environnement dans les Industries Extractives (AEIE) ont scellé une alliance stratégique au cours d’une cérémonie officielle tenue dans les locaux du programme aux Deux-Plateaux Vallon, à Abidjan.

L’exploitation aurifère illégale constitue désormais l’une des menaces les plus critiques pour l’écosystème ivoirien. Abou Bamba, coordonnateur de l’ALP, a fait savoir que deux décennies d’activités non réglementées ont anéanti plus de 20 000 hectares de couverture forestière. Il a également souligné que l’utilisation incontrôlée de substances hautement toxiques telles que le mercure et le cyanure a gravement contaminé les principaux bassins fluviaux du pays : Marahoué, Cavally, Sassandra et Bandama.
Les impacts sanitaires sont alarmants. Abou Bamba a insisté sur le fait que cette pollution chimique met directement en danger la santé de plus de 40 000 enfants tout en compromettant durablement les ressources halieutiques locales.
Mais le préjudice n’est pas uniquement écologique. Sur le plan économique, les pertes pour l’État sont vertigineuses. Chaque année, près de 142 tonnes d’or échappent aux circuits formels, ce qui prive le Trésor public d’environ 4 600 milliards de FCFA, soit l’équivalent de 10 % du PIB national. « Une hémorragie silencieuse mais destructrice », a déploré M. Bamba.
De son côté, Raymond Bohoussou, président de l’AEIE, a mis en lumière la philosophie de cette alliance : « Notre mission consiste à promouvoir un modèle économique respectueux des équilibres naturels et des droits fondamentaux ». Il a affirmé que « cette collaboration avec l’ALP symbolise notre responsabilité collective envers les générations futures ».
L’accord, établi pour une durée de cinq ans renouvelable, repose sur sept piliers d’intervention majeurs à savoir le diagnostic territorial et réhabilitation écologique, la formation et la sensibilisation, expérimentation locale, la mobilisation financière, l’approche inclusive, l’action institutionnelle et l’innovation et veille.
Cette coopération s’inscrit dans la droite ligne des objectifs de l’Abidjan Legacy Program, programme présidentiel initié à l’issue de la COP15 en 2022. Doté d’un budget de 2,7 milliards de dollars, il vise à reconstituer 20 % du patrimoine forestier national d’ici 2030.
L’un des chantiers phares consistera à réhabiliter 4 500 hectares de terres sévèrement affectées par l’orpaillage clandestin, sur la base d’une cartographie environnementale complète couvrant les 31 régions administratives du pays. « Cette alliance traduit notre volonté de rompre avec les approches fragmentées pour bâtir une gouvernance environnementale collective , inclusive et durable », a souligné Raymond Bohoussou. Pour lui, l’heure est venue de penser l’extraction autrement, en tenant compte non seulement des enjeux économiques, mais aussi des impératifs écologiques et sociaux.

Au-delà de l’entente bilatérale, cette initiative incarne une vision renouvelée du développement économique ivoirien, capable d’articuler croissance, préservation environnementale et justice sociale. Elle s’impose comme un modèle de coopération intersectorielle, fondé sur le dialogue entre institutions publiques, société civile et communautés de base. « Si nous voulons léguer un héritage viable, il est urgent de changer de paradigme », a conclu Abou Bamba.
Julien Koffi
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