Le secteur aquacole ivoirien franchit une nouvelle étape décisive avec le lancement, ce mois de septembre, d’un vaste programme de formation destiné aux gestionnaires et techniciens de 35 écloseries. Cette initiative, fruit d’une collaboration entre le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques (MIRAH), le Projet de Développement des Chaînes de Valeurs Vivrières (PDC2V) et le Projet de Relance de la Pisciculture Continentale (PREPICO 2), vise à renforcer les capacités techniques, sanitaires et financières des acteurs de la filière, afin d’améliorer durablement la production nationale d’alevins.
Face aux limites des ressources halieutiques naturelles et à l’augmentation croissante des importations de poissons estimées à plus de 591 000 tonnes par an, pour un coût de 310 milliards de FCFA, la Côte d’Ivoire mise sur l’aquaculture pour garantir sa sécurité alimentaire et réduire sa dépendance extérieure.

« Aujourd’hui, le principal goulot d’étranglement de la filière, c’est le manque d’alevins de qualité. Ce que nous voulons, c’est doter les écloseries des compétences nécessaires pour produire des alevins sains, vigoureux, et en quantité suffisante », a déclaré Dr Nezzi Nicole Edwige Epse M’Boua, Directrice de l’Aquaculture au MIRAH, lors de la cérémonie de lancement de la première session de formation, qui a débuté ce mardi 2 septembre à Aboisso (région du Sud-Comoé), et se poursuit du 3 au 5 septembre 2025.
Une approche technique et participative
Le programme de formation s’inscrit dans la mise en œuvre du PNIA II (Programme National d’Investissement Agricole), et plus spécifiquement dans la sous-composante 2.1 du PDC2V, consacrée à l’amélioration de l’accès aux technologies et services de conseil adaptés au changement climatique.
Concrètement, quatre modules sont proposés aux participants : Techniques innovantes de production d’alevins (Tilapia et Silure), Alimentation et nutrition des géniteurs, larves et alevins, Biosécurité et gestion de la qualité de l’eau, Gestion financière et marketing d’une ferme aquacole.
Les sessions se veulent interactives, avec une large part consacrée aux travaux pratiques sur des fermes pilotes, pour garantir une appropriation effective des connaissances.

Une dynamique inclusive et durable
Pour Bené Kouadio Yeboi, spécialiste en innovation et vulgarisation agricole au sein du PDC2V, cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de transformation des chaînes de valeur vivrières :
« Le projet PDC2V ne se limite pas à la formation. Nous structurons les acteurs, appuyons la recherche via le CNRA, finançons l’innovation à travers le Fonds Aqua-Partager, et mettons en place une plateforme numérique pour connecter plus de 600 000 acteurs de la filière. »
Le PDC2V, financé à hauteur de 250 millions de dollars par la Banque mondiale, cible trois chaînes de valeur prioritaires : le manioc, l’horticulture et l’aquaculture. Déployé dans la quasi-totalité de la moitié sud du pays, le projet ambitionne de faire de l’agriculture vivrière un moteur de croissance inclusive et durable.
Trois régions au cœur du dispositif
Les formations auront lieu en septembre dans trois grands bassins aquacoles du pays : Sud-Comoé (Aboisso) : du 3 au 5 septembre, Indénié-Djuablin (Abengourou) : du 10 au 12 septembre, Haut-Sassandra (Gagnoa) : du 17 au 19 septembre.
À l’issue de ces formations, des visites de terrain seront organisées pour évaluer la mise en pratique des acquis et mesurer les impacts sur la performance des écloseries.
Vers une aquaculture compétitive et résiliente
En soutenant les gestionnaires et techniciens d’écloseries, le MIRAH et ses partenaires entendent poser les bases d’une filière aquacole résiliente, compétitive et inclusive, capable de répondre aux besoins protéiques croissants de la population ivoirienne.

Comme l’a rappelé Dr M’Boua :
« Une bonne maîtrise des itinéraires techniques permet non seulement de réduire les coûts, mais aussi d’accélérer la croissance des poissons jusqu’à la taille commerciale. C’est ainsi que nous pourrons produire localement, nourrir notre population, et réduire notre dépendance aux importations. »
Un enjeu de souveraineté alimentaire que la Côte d’Ivoire semble bien déterminée à relever.
Aimé Kouassi
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