Le continent africain traverse une transformation digitale remarquable. Cette métamorphose, principalement alimentée par l’expansion du mobile money et des solutions de paiement électronique, redessine complètement le paysage financier régional. Les données de GSMA témoignent de cette dynamique exceptionnelle : 2,1 milliards de comptes de mobile money recensés mondialement en 2024, avec plus de 500 millions d’utilisateurs mensuels actifs générant 108 milliards de transactions pour une valeur totale de 1 680 milliards de dollars.

L’union monétaire ouest-africaine (UEMOA) illustre parfaitement cette révolution : les volumes de mobile money y atteignent 23 533 milliards FCFA, surpassant désormais les flux bancaires classiques. Cette expansion spectaculaire, vecteur d’inclusion financière massive, génère toutefois un défi majeur : l’intensification des risques cybernétiques et frauduleux.
Les statistiques révèlent l’ampleur du phénomène. En Côte d’Ivoire, la CENTIF a documenté 2 306 signalements d’activités suspectes sur la période 2017-2021, dont 13,41 % concernaient la cybercriminalité, occasionnant des pertes évaluées à 23 milliards FCFA. Annuellement, la Plateforme de Lutte contre la Cybercriminalité traite environ 5 000 dossiers, neutralisant des milliers de comptes et contenus malveillants.
La situation sénégalaise illustre cette progression alarmante : les signalements de cybercriminalité sont passés de 212 cas en 2017 à plus de 5 600 en 2024. Une étude nationale révèle que 43 % des usagers de services financiers digitaux ont été exposés à des tentatives frauduleuses, 8 % ayant subi des pertes financières effectives.

À l’échelle continentale, INTERPOL évalue à plus de 3 milliards de dollars les préjudices causés par les cyberattaques entre 2019 et 2025. Le Fonds monétaire international confirme cette tendance inquiétante, constatant une multiplication par quatre des pertes liées aux incidents cyber depuis 2017, atteignant 2,5 milliards de dollars. Ces indicateurs démontrent que le risque cyber a franchi le seuil de la marginalité pour devenir systémique.
Transformer les contraintes sécuritaires en opportunités
Cette nouvelle donne a mobilisé les autorités de régulation. La BCEAO a consolidé son dispositif normatif avec l’Instruction n°001-01-2024, établissant un cadre réglementaire renforcé pour les services et établissements de paiement de l’UEMOA. Simultanément, les standards internationaux évoluent : la version 4.0 de la norme PCI DSS introduit 51 nouvelles exigences contraignantes dès mars 2025, tandis que la mise à jour ISO/IEC 27001:2022 actualise les contrôles de sécurité informationnelle.
Le groupe OMOA a adopté une approche proactive, dépassant la simple conformité réglementaire. Nos infrastructures de traitement, labellisées PCI-DSS et PCI-CP, orchestrent annuellement plusieurs millions de transactions pour les banques et fintechs régionales. Nous avons déployé des solutions d’analyse comportementale temps réel intégrant l’intelligence artificielle, capables de détecter des anomalies frauduleuses en millisecondes, ainsi qu’un système unifié de gestion sécuritaire conforme ISO/IEC 27001, garantissant une optimisation permanente.
Cette architecture s’enrichit de programmes réguliers de tests de pénétration, d’audits externes indépendants et d’une coopération structurée avec les organismes nationaux anti-cybercriminalité, particulièrement en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Notre philosophie repose sur une conviction forte : la sécurité constitue désormais un différenciateur concurrentiel, un fondement de la confiance client et un catalyseur d’inclusion financière.

La durabilité de la révolution numérique africaine dépend intrinsèquement de sa sécurisation. C’est par la protection efficace des données, transactions et utilisateurs que nous consoliderons la confiance nécessaire à l’expansion des paiements électroniques.
Notre vision s’articule autour d’une collaboration renforcée entre régulateurs, institutions financières, acteurs technologiques et pouvoirs publics, pour édifier un écosystème numérique africain plus performant, plus résistant et plus équitable.
Julien Koffi
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