La résurgence de la peste porcine en Côte d’Ivoire soulève des inquiétudes aussi bien de la part des consommateurs que des opérateurs. Ouattara Douyeri Thierry, vétérinaire principal, chef de service de la surveillance épidémiologique et de la riposte à la Direction des services vétérinaires, rassure operateurs et populations à travers cet entretien.
L’on remarque, la réapparition de la peste porcine africaine, maladie hautement contagieuse avec un taux de mortalité très élevé dans les élevages de porcs, dans le département de Bouaflé et la sous-préfecture de Songon. Ne craignez-vous pas la propagation de la maladie dans les autres régions de la Côte d’Ivoire ?
Concernant la réapparition de la peste porcine africaine dans le département de Bouaflé et la sous-préfecture de Songon, nous sommes conscients de la gravité de la situation. Cependant, des mesures strictes de confinement et de contrôle ont été mises en place pour limiter la propagation de la maladie. Nous travaillons en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes y compris les éleveurs pour contrôler cette épizootie et protéger les autres zones à risque. Nous vous tiendrons informé de l’évolution de la situation et des actions entreprises pour garantir la sécurité des élevages porcins dans tout le pays.
La maladie est contagieuse pour l’homme, est-ce que le consommateur prend-il des risques pour sa santé ?
Les hommes ne tombent pas malades de la PPA. La maladie ne peut pas être transmise à l’homme par contact avec les porcs ou à travers la consommation de produits ou sous-produits porcins.
Cependant, vous pouvez transporter le virus sur des vêtements, des chaussures, des équipements et des véhicules si vous avez visité une zone infectée, ou si vous transportez des produits d’origine porcine en provenance d’une zone infectée ou à risque avec vous. Le virus peut survivre dans de la viande congelée pendant 1000 jours, 110 jours dans de la viande réfrigérée, 105 jours dans de la viande avec ou sans os, et 30 jours dans de la viande fumée. Vous pouvez, par exemple, infecter les porcs à travers les déchets alimentaires contenant des produits d’origine porcine dans des poubelles non sécurisées et utilisées par certains éleveurs de porcs.
L’une des mesures pour éviter la propagation de la maladie est l’abattage sanitaire de porcs des localités concernées. A ce jour combien de porcs seront abattus ?
À ce jour, 23 mai 2024, 10 314 porcs de toutes catégories ont été abattus, dont 9 267 à Songon et Yopougon Km 17, et 1 047 à Bouaflé. Les opérations continuent.
Les conséquences économiques pour les opérateurs seront énormes. A ce sujet, est-ce que le Gouvernement prévoit de les indemniser ?
Oui, selon le décret n°2022-352 du 01 juin 2022, les propriétaires d’animaux abattus pour raisons sanitaires reçoivent une compensation. A cet effet, tous les éleveurs dont les animaux sont abattus reçoivent une fiche détaillant les catégories d’animaux abattus, comme les truies, cochettes, verrats, porcs à engraissement, et les porcelets.
Quel message ou Conseil avez-vous pour les éleveurs et les populations ?
Face à cette urgence sanitaire, il est crucial de suivre des mesures strictes pour prévenir la propagation de cette maladie hautement contagieuse. Voici quelques conseils importants : Renforcez les mesures de biosécurité dans leurs fermes, lors du transport des porcs, aux abattoirs, etc. Soyez attentifs aux signes de la maladie, tels que la fièvre élevée, la perte d’appétit, et la mortalité subite. Signalez immédiatement tout cas suspect aux services vétérinaires ; Suivez les directives et les restrictions mises en place par les autorités sanitaires. Cela inclut la déclaration des foyers de maladie et la participation aux opérations de contrôle et d’abattage sanitaire si nécessaire ; Évitez de transporter des porcs potentiellement infectés pour réduire le risque de propagation du virus à d’autres régions. A la population, il est important de suivre certaines précautions pour assurer la sécurité et la qualité de la viande : Assurez-vous que la viande provient d’abattoirs certifiés ; Suivez les bonnes pratiques d’hygiène en manipulant et en cuisinant la viande de porc pour éviter toute autre contamination croisée avec d’autres aliments.
En respectant ces recommandations, nous pouvons travailler ensemble pour protéger nos élevages et éviter la propagation de cette maladie. Votre coopération est essentielle pour maintenir la santé des animaux, protéger les zones indemnes, éliminer le virus et assurer la sécurité alimentaire dans notre pays.
Entretien réalisé par
La Rédaction
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