Les raisons de l’opposition de l’AEC au traité
Alors que la réduction de la production et de la consommation de plastiques est le cheval de bataille de nombreux écologistes et d’autres acteurs engagés à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD), aucun consensus n’a, une fois de plus, été trouvé pour la mise en oeuvre du projet de traité sur les plastiques, car si les intentions sous-tendant la conclusion d’un tel pacte peuvent découler de préoccupations environnementales dans les pays développés, pour l’AEC, sa venue au jour aurait des conséquences catastrophiques pour l’industrie pétrochimique Africaine en pleine expansion. Et pour cause.
L’AEC estime que ce traité freinerait considérablement la croissance de l’industrie pétrolière comme gazière Africaine et entraînerait, in sequela, une augmentation drastique de la précarité énergétique, un ralentissement de l’activité manufacturière, un blocage de l’industrialisation et une baisse des investissements essentiels dans le secteur chimique, sur un Continent qui cherche toujours sa place sur l’échiquier mondial et dans un nouveau monde à la lisibilité plus que floue.
Ainsi, selon l’AEC, Les pays Africains, notamment le Gabon, le Ghana, l’Angola et le Sénégal, qui possèdent d’importants gisements d’or noir et de gaz fossiles, mais sont confrontées, depuis longtemps, à des défis économiques, seraient les plus touchés par cet impact. En effet, sachant que les opportunités offertes par la production pétrochimique et l’essor de son industrie, en Afrique, s’accompagnent d’une vague d’avantages économiques traduite, dans les faits, par la création d’emplois et l’introduction de matériaux essentiels, ainsi que par la valorisation des chaînes d’approvisionnement, l’accroissement du commerce international et un boost de l’innovation, ces ressources naturelles sont, pour les nations détenant ces richesses dans leur sous-sol, un atout substantiel pour le redressement de leurs économies.
L’AEC considère même que la pétrochimie sera un catalyseur du développement dans des secteurs stratégiques tels que la santé, l’agriculture et les transports, pour une Afrique faisant face une crise énergétique et en quête de souveraineté alimentaire qui cherche à améliorer les conditions de vie de ses population et à leur garantir une croissance inclusive.
Selon l’AEC, la signature du traité sur les plastiques mettrait à mal des investissements prometteurs pour le développement de l’Afrique

S’expliquant toujours sur les raisons de son opposition au traité sur les plastiques, l’AEC rappelle que le Gabon, par exemple, a fait des progrès significatifs vers la réduction de la pauvreté énergétique, grâce à des investissements dans des projets pétroliers et gaziers. “Avec un objectif de 220.000 barils par jour (bpj), le pays cherche à diversifier son économie en développant la pétrochimie et le traitement du GNL et du GPL. Parmi les projets majeurs figurent le terminal GNL de Cap Lopez, d’un coût de 1.126 milliards FCFA, qui sera mis en service en 2026, l’usine de GPL de Batanga et la raffinerie SOGARA, qui vise une production de 1,5 million de tonnes d’ici 2030 (…)
Les projets pétroliers et gaziers en cours au Sénégal seraient également compromis par le traité. Après le démarrage des opérations du projet Greater Tortue Ahmeyim (GTA), en 2025, et du champ pétrolier de Sangomar en 2024, le Sénégal poursuit ses efforts pour améliorer la sécurité énergétique nationale, faciliter le développement de nouvelles industries et stimuler le développement économique. Le projet GTA a une capacité de 2,3 millions de tonnes par an (mtpa), qui sera portée à 5 mtpa lors des phases suivantes (…)
Sedin Engineering prévoit de construire une raffinerie et une usine pétrochimique dans le pays, afin de tirer parti des ressources offshore pour produire des plastiques et des produits chimiques à forte valeur ajoutée. Le traité sur les plastiques limiterait ces activités (…)” Indique l’AEC.

“Par ailleurs, l’ambitieux projet de parc pétrochimique du Ghana serait gravement affecté, ce qui compromettrait le développement industriel du pays. Le pays prévoit de développer un pôle pétrolier de 6.754 milliards FCFA à Jomoro qui, une fois toutes les phases achevées, comprendra trois raffineries de 300 000 bpj, cinq usines pétrochimiques, des installations de stockage et des infrastructures portuaires. Le traité sur les plastiques aurait un impact sur ce projet, qui pourrait améliorer considérablement la sécurité énergétique et alimentaire dans toute la région de l’Afrique de l’Ouest (…)
L’Angola, deuxième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne, prévoit d’accroître sa production pétrochimique dans le cadre de ses efforts pour diversifier son économie dépendante du pétrole. Dans le cadre du Plan directeur pour le gaz, qui vise à attirer 16.860 milliards FCFA d’investissements et à générer plus de 84.300 milliards FCFA de retombées économiques, grâce au secteur du gaz naturel, l’Angola entend renforcer sa production pétrochimique et d’engrais, soutenant ainsi la création de nouvelles industries. Le traité sur les plastiques pourrait entraîner une baisse spectaculaire de la demande de pétrole, de gaz et de plastiques, ce qui aurait un impact sur les progrès de l’Angola en matière de diversification et de croissance économique (…)
La Tanzanie, qui possède plus de 57 tcf de réserves de gaz, poursuit également plusieurs projets pétrochimiques et gaziers. Grâce au développement du projet Tanzania LNG, d’un montant de 23.640 milliards FCFA, le pays cherche à accélérer son industrialisation et à se positionner comme une plaque tournante mondiale pour le pétrole, le gaz et les produits dérivés. Des projets tels que le complexe Mbolea and Petrochemicals Company Kilwa en Tanzanie, qui vise une capacité de 3,8 millions de tonnes par an, sont essentiels à la réalisation de cet objectif (…)
Une fois achevée, l’usine sera la plus grande usine de fabrication d’engrais en Afrique, produisant une variété de produits pétrochimiques, notamment de l’urée et de l’ammoniac. Le complexe devrait entrer en service commercial en 2028, mais si le traité sur les plastiques est signé, cela pourrait avoir un impact significatif sur la capacité du projet à obtenir un financement et à être mené à bien (…)” Explique l’AEC.

Durant la deuxième partie de la cinquième session du Comité intergouvernemental de négociation du traité sur les plastiques, NJ Ayuk, le Président Exécutif de l’AEC avait appellé les pays Africains, en particulier le Gabon, le Ghana, l’Angola et le Sénégal, à rejeter ce traité. “Nous exhortons ces pays à donner la priorité à leurs besoins énergétiques et industriels plutôt qu’à des programmes environnementaux externes qui ne correspondent pas aux priorités de développement de l’Afrique. Soutenir ce traité reviendrait à se tirer une balle dans le pied, ce qui n’a aucun sens pour l’avenir de l’Afrique.” Avait-il déclaré.
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