Le CMS refuse que la CEDEAO s’enlise dans les sables mouvants du Sahelxit
En dépit du court préavis, des représentations des Etats membres de la communauté Economique Ouest Africaine ont participé à cette réunion d’urgence du CMS.
Omar Alieu Touray –Président de la Commission de la CEDEAO, Bankole Adeoye – Commissaire aux Affaires politiques, à la Paix et à la Sécurité pour la Commission de l’Union Africaine, Leonardo Santos Simão – Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest (UNOWAS) et Abdel-Fatau Musah – Commissaire aux Affaires politiques, à la Paix et à la Sécurité (CEDEAO) ont également répondu à l’invitation de Yusuf Maitama Tuggar.
Au nom des 12 et de leurs partenaires, ils ont discuté des notifications officielles de retrait, reçues le 29 janvier 2024, du Burkina Faso, du Mali et du Niger, et en ont examiner les potentielles conséquences. Les initiateurs du Sahelxit n’étaient pas présents, à ces échanges.
Il faut souligner qu’en dépit des efforts diplomatiques déployés, les relations entre les 3 de la zone des 3 frontières et la CEDEAO se sont graduellement détériorées à la suite des coups d’Etat survenus dans ces pays et qui avaient conduit les 12 autres membres de la CEDEAO à leur imposer des sanctions pour s’assurer d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Par la suite, en témoignage de sa volonté de dialogue avec les autorités de transition et de lever tout goulot d’étranglement dans le processus de transition, la CEDEAO avait adopté, lors de son sommet ordinaire du 10 décembre 2023, à Abuja, certaines mesures de conciliation. Parmi elles, la levée des sanctions ciblées contre les Présidents de transition, leurs Premiers Ministres et Ministres des Affaires Etrangères, la réadmission desdits pays aux réunions techniques et autres séances de haut niveau de l’institution, ainsi que la réouverture du dialogue sur les questions relatives à la sécurité, à la lutte contre le terrorisme, aux besoins humanitaires de leurs populations et à la criminalité transnationale organisée.
Toutefois, le CMS s’est heurté à un manque de réciprocité des autorités militaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger, dans cette démarche pour la réconciliation des rapports entre l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et les autres membres de la CEDEAO. Ainsi, selon le CMS, l’AES s’est plutôt enfoncée dans des sentiments et des discours populistes antiCEDEAO, tout en faisant obstacle aux interactions avec les représentants de l’organisation Ouest Africaine, au lieu d’œuvrer au rétablissement de relations apaisées. Une posture, toujours aux dires du CMS, qui a compliqué encore plus les efforts diplomatiques déployés, par la communauté économique et ses partenaires, en vue d’une transition sans heurt vers l’ordre constitutionnel dans les pays.
Lors de cette session extraordinaire, loin d’« abandonner la vision des pères fondateurs de la CEDEAO », le CMS a répété que les arguments avancés par le front Sahelxit, pour justifier leur départ, « ne constituent que de la poudre aux yeux, cachant la véritable raison qui est leur intention de ne pas remplir leurs obligations au titre du traité et du protocole. » Puisqu’ils n’ont nullement l’intention de renoncer, dans un futur proche, au pouvoir qu’ils ont obtenu par des voies non constitutionnelles.
En tout état de cause, « leur position pourrait être interprétée comme un stratagème visant à détourner l’attention de l’insistance de la CEDEAO sur le rétablissement rapide de l’ordre constitutionnel. » A déclaré le CMS en rappelant les dispositions du traité révisé de la CEDEAO de 1993 qui énonce les conditions applicables à un État membre souhaitant retirer son adhésion à la Communauté.
Ce traité, notamment, en son article 91, stipule : « Tout État membre souhaitant se retirer de la Communauté est tenu de donner par écrit un préavis d’un an au président de la Commission, qui en informe l’ensemble des États membres. À l’expiration de ce délai, si ce préavis n’est pas retiré, cet État cesse d’être membre de la Communauté (…) Au cours de la période d’un an à laquelle il est fait référence au paragraphe qui précède, ledit État membre continue de se conformer aux dispositions du présent traité et reste tenu de s’acquitter des obligations qui lui incombent en vertu du présent traité. »
Bien que le CMS ait noté que le processus de retrait a été entamé et que le délai d’un an commence après la transmission d’une notification écrite officielle d’un État membre au Président de la Commission qui, à son tour, en informe les États membres, dès réception de ladite notification, au cours de ses délibérations, le Conseil de Médiation et de Sécurité a exprimé sa profonde préoccupation face à la décision des trois de l’AES de se retirer de la CEDEAO. Et ce, à l’examen des conséquences désastreuses de ce retrait au regard des implications socio-économiques, politiques, sécuritaires et humanitaires, non seulement pour les citoyens des 3 pays signataires de la Charte du Liptako-Gourma, mais également sur le processus d’intégration régionale. À l’issue de ses délibérations, le CMS a exhorté le Burkina Faso, le Mali et le Niger à revoir leur décision et à recourir au dialogue, à la négociation et à la médiation, afin de trouver des solutions face à leurs préoccupations légitimes, dans l’intérêt de leurs citoyens et de leur postérité. Une réunion d’urgence des ministres des Finances et de la Défense devrait bientôt se tenir.
KOFFI-KOUAKOU Laussin
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