Le gouvernement Ivoirien prend des mesures pour un déguerpissement aux lendemains meilleurs…
Aux lendemains de la 34ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football, les populations, en Côte d’Ivoire, se sont réveillées avec une gueule de bois. En effet, à peine se remettaient elles de l’ivresse du sacre, à domicile, des Eléphants à la CAN TotalEnergies Côte d’Ivoire 2023 que le bruit des bulldozers les faisait sortir de leur doux rêve étoilé. La cause de ce réveil brutal ? Une opération de déguerpissement.
Cissé Bacongo a démarré, en février 2024, une vaste campagne d’assainissement de la capitale économique Ivoirienne, comme il l’avait fait dans la commune Abidjanaise de Koumassi, lorsqu’il y occupait, jusqu’à tout récemment, le poste de Maire, avant d’être nommé Ministre Gouverneur du District Autonome d’Abidjan, le 27 décembre 2023, en remplacement de Robert Beugré Mambé qui a succédé, le 16 octobre 2023, à Patrick Achi en étant promu Premier Ministre, mais aussi Ministre des Sports et du Cadre de Vie.
Pour ce faire, des zones à risque et des constructions sur des entraves publiques étaient dans le viseur du conseiller spécial du Chef de l’Etat. Précisément, 178 sites identifiés en amont. Ainsi, pour mener à bien ce projet de déguerpissement, il envoie de gros engins prendre la ville d’assaut, afin de démarrer l’œuvre de démolition, au bénéfice de l’amélioration du cadre de vie des populations.
Détruire pour mieux reconstruire, domiciles, commerces, dispensaires, écoles… Les machines n’épargnent rien et défont tout édifice « contrevenant » sur leur passage.
Rapidement, dans le sillage de la mécanique en action et en réponse aux marques laissées sur son chemin, des élus de la nation, l’opposition, les populations, des religieux et des chefs traditionnels, outrés de n’avoir « pas été prévenus… ou consultés au préalable », prennent la parole pour dénoncer autant la manière que la brutalité de la procédure d’exécution de cette opération de déguerpissement.
Pour pallier l’impact social de cette opération de déguerpissement, le gouvernement Ivoirien a pris des mesures, le 13 février 2024. A l’issue du traditionnel Conseil des Ministres de milieu de semaine, le Porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, également Ministre de la Communication et des Médias de la République de Côte d’Ivoire, a révélé les décisions adoptées, ce mercredi-là. Dans sa communication, il a rappelé que, au lieu de 178 au départ, une trentaine de quartiers d’habitat précaire, localisés dans des zones à risques et exposées en permanence à des inondations et glissements de terrain qui, depuis 2005, ont causé la mort de plus de 340 personnes, sont concernés par cette opération de déguerpissement et de relogement.
Pour soutenir les populations affectées par les déguerpissements et éviter qu’elles ne se réinstallent dans de nouveaux sites à risque, le Conseil a donc adopté 05 mesures majeures.
Tout d’abord, un soutien de l’Etat au relogement à hauteur de 250.000 FCFA par ménage, soit pour les personnes affectées par l’opération de déguerpissement dans les quartiers de Boribana, Attécoubée et de Gesco (Yopougon), une allocation forfaitaire totale de 697 millions FCFA.
Ensuite, l’accompagnement, par l’Etat, des propriétaires, ayant des titres fonciers, dans l’acquisition de parcelles en pleine propriété.
Au troisième point de ces mesures majeures, selon la taille de la famille, la mise à disposition d’un terrain de 75 m2 ou de 100 m2, avec la signature d’un bail emphytéotique (longue durée) de 20 ans à 25 ans, pour un loyer de 10.000 FCFA par mois, au terme duquel les nationaux, impactés par cette opération de déguerpissement, deviendront propriétaires, de plein droit, des terrains attribués. Dans cette optique et pour l’application effective de la mesure, un site potentiel, pour le recasement, a déjà été identifié et les travaux d’urgence d’aménagement de voiries, d’adduction en eau potable et en électricité seront lancés incessamment, pour un coût global de 15 milliards FCFA.
Au titre de la 4ème mesure, l’allocation d’une aide à la construction, d’un montant forfaitaire de 1 million FCFA par famille, pour les accompagner dans la construction de leur maison. Des plans types seront mis à disposition des familles, par les agents du Ministère en charge de la construction dédiée spécialement à cette tâche, pour un coût global de 03 milliards FCFA, pour les ménages affectés dans les quartiers de Boribana, Attécoubée et de Gesco.
Enfin, la mise en place d’un dispositif spécial pour les personnes sans emploi et de l’organe spécial dénommé Cellule Aménagement des Quartiers Précaires du District Autonome d’Abidjan, logé à la Primature, pour assurer la programmation des quartiers précaires à évacuer, la prise en charge et le relogement des familles affectées par ces évacuations, l’examen des plans d’urbanisme des quartiers précaires à déguerpir et le suivi des déguerpissements.
Certes, il n’est jamais trop tard pour bien faire ! Cependant, comment ces mesures seront-elles reçues et perçues par les populations ? Comme une faute avouée, faute à moitié pardonnée ? Ou plutôt comme l’ordonnance du médecin après le trépas de son patient ? Ces mesures répondent-elles vraiment aux besoins et/ou aux aspirations des populations ? Du moins, contribueront-elles véritablement à l’apaisement du climat actuel et aux bien-être des populations ? N’aurions pu pas nous épargner ce temps, cet argent, ces grincements de dents et tous ces pleurs ?
KOFFI-KOUAKOU Laussin
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