16 pays d’Afrique de l’Ouest Participent à un Séminaire pour Optimiser leurs Notations de Crédit Souverain et Réduire le Coût de la Dette

la notation financière des grandes agences entache la perception de l'Afrique

Il faut dire que malgré leurs importantes ressources naturelles et l’énorme potentiel de leur jeunesse, les pays Africains paient des taux d’intérêts en moyenne 3 à 4 fois supérieurs à ceux de leurs homologues du Nord, du fait d’une perception négative du risque par les investisseurs et de stéréotypes portés, en partie, par les plus grandes agences de notation du monde.

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Infographie de KOFFI-KOUAKOU Laussin générée avec IA

De plus, le manque de connaissance, des Etats Africains, des mécanismes et de la méthodologies desdites agences entretient la situation. Face à cet état de fait, cet atelier vise à outiller les gouvernements d’Afrique de l’Ouest pour leur permettre de bonifier leurs relations avec les agences de notation et tirer, ainsi, mieux parti des avantages des marchés de capitaux.

Interrogé sur ce point à l’ouverture des travaux de cet atelier, Vassogbo Bamba, le Chef de cabinet adjoint du Ministère des finances de Côte d’Ivoire, a déclaré que dans un contexte mondial de plus en plus incertain, l’accès aux marchés des capitaux, à des taux bas, est important pour des pays, comme la Côte d’Ivoire, confrontés à des défis de financement.

En effet, “les notations actuelles entraînent des surcoûts sur le crédit pour nos pays et alourdissent la soutenabilité de la dette.” Toutefois, “des efforts, salués par les marchés, ont permis à la Côte d’Ivoire d’améliorer ses notations chez Moody’s (Ba2), S&P (BB) et Fitch (BB-), avec des perspectives stables. Néanmoins, ces notes ne sont pas forcément représentatives du réel potentiel de la Côte d’Ivoire.” Explique-t-il.

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De son côté, Blerta Cela, la Représentante résidente du Programme des Nations Unis pour le Développement (PNUD) en Côte d’Ivoire rappelle que depuis la pandémie de la Covid-19, la dette public des pays Africains s’est envolée,  avec un service de la dette supérieur à 50% des recettes fiscales.

“Les notations financières défavorables les obligent à emprunter à des taux bien plus élevés que les pays les mieux notés, parfois jusqu’à 14%, alors, qu’en terme de mobilisation des ressources internes, la pression fiscale moyenne, en Afrique de l’Ouest, reste autour des 15% du Produit Intérieur Brut (PIB).” Souligne-t-elle.

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Les pays d’Afrique de l’Ouest empruntent à des taux bien plus élevés (jusqu’à 14%) que les pays développés (2,5%). Graphique de KOFFI-KOUAKOU Laussin générée avec IA

Selon elle, les solutions à ce problème se trouvent dans le renforcement de la transparence  budgétaire et de la discipline macroéconomique, de même que dans les réformes audacieuses de la fiscalité, de la gouvernance économique et dans la digitalisation

“Il faut aussi que les pays Ouest-Africains développent des outils financiers innovants (obligations vertes, bleues, partenariats public-privé, gender bonds, diaspora bonds, etc.), améliore la qualité et le partage de leurs données économiques et, enfin, changent le narratif.” Propose-t-elle comme moyens pour équilibrer la donne.

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Graphique de KOFFI-KOUAKOU Laussin générée avec IA

Pour Gustave Diasso, représentant résident de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) en Côte d’Ivoire, la question de la notation financière est importante pour l’Afrique. Elle l’est d’autant plus, dans un monde marqué par les multiples chocs qui affectent les populations les plus vulnérables.

Or, “le recours au marché régionaux et internationaux est un moyen de ressources additionnels pour financer les dépenses publics. Malheureusement, malgré une croissance du PIB de l’Afrique de l’Ouest anticipée à 4,3% en 2025 et un taux moyen de croissance du PIB de 6% dans l’UEMOA (hormis crise de la Covid-19), le niveau d’endettement continue de croître.” Déplore-t-il.

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Daouda Sembene, Directeur Général d’Africatalyst, une société indépendante de conseil en développement, estime que le manque à gagner des pays Africains, en raison des notations financières des agences, affecte leur capacité à s’endetter à des taux intéressants pour financer durablement leurs infrastructures. Il pense que “l’Afrique a besoin de bonnes notations pour pouvoir profiter pleinement des bénéfices des marchés des capitaux et soutenir ses projets de développement”.

KOFFI-KOUAKOU Laussin

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