La BAD appelle à croire en une prochaine sortie de crise du Zimbabwe

la BAD réaffirme son soutien au Zimbabwe
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Zimbabwe Government Debt to GDP

En introduction de son discours, Akinwumi Ayodeji Adesina, le Président de la BAD, a remercié, le Président de la République du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, pour son implication active à ces réunions pour l’apurement des arriérés et de la résolution de la dette de son pays auxquelles il prend part pour la 6ème fois depuis leur lancement en 2022.

Le Président de la BAD a aussi salué leadership et l’engagement du facilitateur de ces échanges, S.E. Joachim Chissano, l’ex Président de la République du Mozambique, ainsi que le rôle majeur de Fidelis Ngorora, le chef de la Direction Economique du Ministère des Finances, du Développement Economique et de la Promotion des Investissements du Zimbabwe, également tête de file du groupe de travail sectoriel sur le pilier économique de cette plateforme de discussions, qui a rendu son dernier souffle la semaine dernière, le 20 novembre 2024.

Akinwumi Ayodeji Adesina a, en outre, souhaité la bienvenue aux nouveaux ambassadeurs, en l’occurrence les ambassadeurs Pete Vowles du Royaume-Uni, Paul Bertrand Barets de France, Adler Aristilde du Canada et Pamela Tremont des États-Unis d’Amérique, qui rejoignent leurs collègues et les chefs de mission qui les ont précédés, ainsi que tous les partenaires au développement, qui ont travaillé sans relâche et continuent de travailler d’arrache-pied, avec le gouvernement Zimbabwéen…

« Pour mettre fin aux 23 années de sanctions qui ont laissé le Zimbabwe avec une pile de dettes qui s’élève à 21 milliards de dollars (13.000 milliards FCFA), soit 13 milliards de dollars (8.000 milliards FCFA) pour la dette extérieure et 8 milliards de dollars (5.000 milliards FCFA) pour la dette intérieure. »

« Le dialogue est l’antidote aux souffrances causées par les différences et les désaccords », estime le Président de la BAD

Son entrée en matière faite, le Président de la BAD a demandé une poursuite des actions pour aider l’ancienne Rhodésie du Sud à se délester du fardeau de sa dette : « Même les guerres ne durent jamais aussi longtemps ! Il est clairement temps de mettre un terme à cette situation, de mettre un terme à des décennies de dommages incalculables causés à l’économie du Zimbabwe, aux souffrances de son peuple et de prendre un nouveau départ avec un espoir collectif, des aspirations et une prospérité partagée, pour son peuple, aujourd’hui et pour l’avenir.

Le dialogue est l’antidote aux souffrances causées par les différences et les désaccords. Le dialogue nous permet de nous écouter et de nous comprendre, de nous respecter mutuellement, de gérer les différences et de trouver un terrain d’entente pour un engagement constructif, tout en pansant les vieilles blessures et en rétablissant un esprit de réconciliation, de cohésion nationale, en semant un espoir durable, pour une paix et une sécurité économique durables.

Nous pouvons tirer un trait sur le passé et ouvrir de nouvelles perspectives d’espoir pour un avenir meilleur. Car un avenir meilleur attend la jeunesse et les femmes du Zimbabwe. Un avenir meilleur pour cette belle nation au peuple merveilleux, à la beauté naturelle pittoresque, des vieilles ruines du Grand Zimbabwe aux zones verdoyantes de Leopard Rock et des chutes Victoria, « mosi-oa-tunya », la fumée qui gronde. Il est temps de rendre sa beauté au Zimbabwe !

Personne ne peut gravir une colline en portant sur son sos des tas de sables !

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Personne, aussi fort soit-il, ne peut gravir une colline en portant sur son dos des tas de sable. La dette de 21 milliards de dollars du Zimbabwe, dont la majeure partie est constituée d’arriérés, a fait une nouvelle dette qui s’accumule comme des sacs de sable sur le dos du Zimbabwe. Nous sommes tous d’accord sur le fait que nous devons jouer notre rôle pour corriger cette anomalie et donner un nouveau souffle à ce pays et à son peuple, afin que le Zimbabwe soit à nouveau dans la course.

Dans la course pour construire des écoles de premier ordre. Dans la course pour construire des infrastructures, des couloirs de transport, des chemins de fer et des lignes de transport d’électricité qui intégreront la région de la Communauté de Développement d’Afrique Australe (SADC) et stimuleront la croissance économique et l’emploi. Dans la course pour booster ses secteurs du tourisme, de l’agriculture et redevenir le grenier de la région. Dans la course pour débloquer les richesses en minéraux et en métaux que recèlent ses vastes zones minières.

Le Zimbabwe est trop important pour que le monde l’ignore ! Avec ses vastes gisements de minéraux critiques, dont le lithium et le groupe des métaux platineux, le Zimbabwe est l’un des principaux pays garants de l’avenir des transitions énergétiques mondiales. Dans un monde de concurrence géopolitique et d’efforts, pour sécuriser les minéraux et les métaux stratégiques vitaux, nous devons porter un nouveau regard sur le Zimbabwe. Non pas avec les yeux du passé, mais avec ceux d’un nouvel avenir. Ce nouveau regard doit nous informer et nous guider vers une approche stratégique et non rétributive. » A-t-il notifié.

La BAD montre l’exemple avec un don de 2,6 milliards FCFA !

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Akinwumi Ayodeji Adesina, le Président de la BAD

Akinwumi Ayodeji Adesina a, par la suite, ajouté, pendant son allocution, qu’avant l’instauration, en 2022, de ce dialogue structuré, il n’existait pas de plateforme formelle de dialogue entre le gouvernement du Zimbabwe, les partenaires au développement et les parties concernées. Il a aussi rassuré sur les progrès réalisés par la plateforme, ses groupes de travail sectoriels et sur l’engagement de la BAD à accompagner le pays d’Afrique Australe vers une sortie de crise.

« Nous avons fait plus de progrès en 2 ans que durant les 21 années qui ont suivi l’imposition des sanctions. Le dialogue structuré de haut niveau est la seule voie possible, il n’y en a pas d’autres ! Nous devons donc faire en sorte qu’il aboutisse au résultat escompté : L’apurement des arriérés et la résolution de la dette du Zimbabwe. C’est pourquoi la BAD a fait don de 4,2 millions de dollars (2,613 milliards FCFA) aux fins de la facilitation du dialogue structuré de haut niveau et nous comptons apporter un soutien supplémentaire, car nous sommes convaincus que ces dialogues portent leurs fruits. » A révélé le Président de la BAD.

Des progrès significatifs ont été réalisés

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S’attardant, justement, sur « les progrès significatifs et impressionnants (…) réalisés, grâce à l’engagement ferme du gouvernement du Zimbabwe, des partenaires au développement et des parties concernées », le Président de la BAD a toutefois souligné que « les progrès ne sont pas synonymes de perfection » et qu’ill y a « toujours matière à amélioration. »

Ainsi, il l’a indiqué : « Le pilier de la croissance économique et de la stabilité a permis des réformes impressionnantes. Elles comprennent la fin des taux de change multiples, l’élimination du système « Hollandais » de vente aux enchères de devises et la mise en place d’un système de taux de change basé sur le principe du gré à gré entre acheteurs et vendeurs.

La recommandation du Fonds Monétaire Internationale (FMI) d’éliminer le fonctionnement quasi budgétaire de la Banque de réserve a été mise en œuvre et tous les passifs de la Banque de réserve ont été transférés au Trésor. En décembre 2023, la Banque de réserve avait transféré 3,66 milliards de dollars (2.2297 milliards FCFA) de dette extérieure au Trésor. Le problème, bien sûr, est que ce nouveau passif a exercé une pression encore plus forte sur la marge de manœuvre budgétaire du gouvernement, en augmentant les remboursements de la dette à partir du budget national, face à une monnaie affaiblie (…)

Nos efforts collectifs seront essentiels pour faire en sorte qu’il s’agisse d’un programme de référence flexible qui offrira une marge de manœuvre budgétaire au pays pour mettre en œuvre les réformes nécessaires et protéger les populations vulnérables (…)

Selon le Président de la BAD, des étapes ont été franchies par le Zimbabwe en matière de bonne gouvernance

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Source : World Justice Project

En ce qui concerne le pilier de la gouvernance, des étapes importantes ont été franchies, contre toute attente. Il avait été convenu que l’évaluation des progrès en matière de gouvernance devrait être menée par 3 organisations indépendantes et respectées au niveau mondial : Le World Justice Project, l’Indice Mo Ibrahim sur la gouvernance Africaine et Transparency International Corruption Perception. Ces évaluations ont été réalisées.

Le World Justice Report et l’Indice Mo Ibrahim sur la gouvernance Africaine ont été publiés le 23 octobre 2024. Les notes globales des 2 évaluations ne se sont pas détériorées par rapport à l’année de référence 2019. L’indice Mo Ibrahim a montré une légère amélioration. Sur les 16 indicateurs mesurés par le World Justice Report, 7 sur 16 ont montré des améliorations, tandis que 9 sur 16 ont diminué. Il y a encore des progrès à faire.

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Source : Indice Mo Ibrahim

Le gouvernement et le Parlement ont également réalisé de bons progrès dans les réformes législatives qui soutiennent le programme de gouvernance et amélioreront directement les 16 indicateurs de gouvernance, notamment la rédaction du projet de loi contre la peine de mort, du projet de loi sur la protection des témoins et des lanceurs d’alerte, ainsi que le projet de loi sur la lutte contre la corruption au Zimbabwe. Il convient également de noter que des progrès ont été réalisés sur le projet de loi sur les organisations bénévoles privées, avec des contributions demandées aux organisations de la société civile.

Le Zimbabwe a décaissé 290 milliards FCFA pour indemniser les agriculteurs et pour protéger les investisseurs, ainsi que les partenariats

Je suis ravi du niveau d’engagement affiché et des progrès réalisés dans le cadre du pilier de la réforme agraire et de l’indemnisation des agriculteurs. Il est important de noter qu’un contrat emphytéotique a été rédigé et soumis à l’examen des parties prenantes. Autre preuve d’engagement, le Président Mnangagwa a constitué un comité de surveillance, au niveau du Cabinet, pour coordonner la mise en œuvre, afin de garantir que le nouveau contrat emphytéotique soit bancable et transférable. Il s’agit là d’une avancée majeure qui régularisera la propriété foncière, y compris pour les Zimbabwéens autochtones.

Des étapes importantes ont également été franchies en ce qui concerne l’indemnisation des agriculteurs dans le cadre de l’Acte d’Indemnisation Globale (GCD) et de l’Accord Bilatéral de Protection des Investissements et Partenariats (BIPPA). Le gouvernement a identifié 437 agriculteurs bénéficiaires du GCD pour un règlement financier d’un montant total de 331 millions de dollars (207,7 milliards FCFA). Le gouvernement a mis de côté 35 millions de dollars (22 milliards FCFA) dans le budget 2024, pour démarrer les paiements. Le solde sera payé par le biais d’émissions d’obligations.

Il convient également de noter que 99 bénéficiaires du BIPPA ont été autorisés à recevoir des paiements, en commençant par 131,2 millions de dollars (82,3 milliards FCFA), avec une réserve de 20 millions de dollars (12,5 milliards FCFA) cette année pour lancer le processus. Les paiements du BIPPA couvriront les investisseurs d’Allemagne, des Pays-Bas, du Danemark, de l’ex-Yougoslavie et de la Malaisie. » A-t-il dévoilé.

Le Président de la BAD considère que l’apurement des arriérés est donc une proposition gagnant-gagnant

Soulignant que « l’apurement des arriérés est donc une proposition gagnant-gagnant« , Akinwumi Ayodeji Adesina a assuré le gouvernement Zimbabwéen et tous les partenaires au développement de la confiance et du soutien indéfectibles de la BAD dans ce processus visant à apurer les arriérés et à résoudre la dette du Zimbabwe.

« J’ai lancé un appel, lors de la revue à mi-parcours du FAD-16, pour que des ressources soient réservées à l’appui de l’apurement des arriérés du Zimbabwe. Nous ferons de même, lors de la reconstitution des ressources du FAD-17. Il est donc très important que les ambassadeurs et les partenaires au développement contribuent à faire connaître, à leurs capitales, les progrès très positifs réalisés dans le cadre du processus de dialogue. À la BAD, nous continuerons à soutenir fermement le Zimbabwe, dans les limites de nos capacités, jusqu’à ce que la situation change.

Depuis 2022, La BAD a apporté un soutien de plus de 44 milliards FCFA au secteur privé Zimbabwéen et compte renforcer son appui avec une enveloppe d’au moins 93 milliards FCFA d’ici peu

La BAD soutient activement le secteur privé au Zimbabwe. Entre 2023 et 2024, la BAD a accordé un total de 55 millions de dollars (34,5 milliards FCFA) de lignes de crédit, dont 25 millions de dollars (15,7 milliards FCFA) à la Central Africa Building Society (CABS), une garantie de transaction de 15 millions de dollars (9,4 milliards FCFA) à la NMB Bank et une garantie de transaction de 15 millions de dollars à la First Capital Bank (9,4 milliards FCFA).

La BAD travaille, actuellement, sur une risk agency line of credit de 100 millions de dollars (62,2 milliards FCFA) pour Old Mutual et CABS. Le soutien de la BAD, de 25 millions de dollars (15,7 milliards FCFA), au projet de facilité de production alimentaire d’urgence, approuvé en juillet 2022, a des effets positifs sur la sécurité alimentaire. Il a permis de soutenir plus de 31.000 agriculteurs (dont 35% sont des femmes) et d’accroître la production alimentaire sur plus de 65.000 hectares de terres, l’objectif étant d’atteindre 200.000 hectares.

Alors que le Zimbabwe fait face aux effets dévastateurs des sécheresses causées par le phénomène El Niño, la BAD apporte son soutien, notamment en fournissant une assurance contre les risques de catastrophe, qui sera désormais renforcée, grâce à un don de 47,5 millions de dollars (29,8 milliards FCFA) pour le Zimbabwe et le Malawi.

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Prévisions économiques du Zimbabwe. Source : BAD
Au titre de sa recommandations visant à éliminer le fonctionnement quasi budgétaire de la Banque de réserve du Zimbabwe, le FMI a déjà mené 4 missions au titre de l’article 4 et des missions techniques dans le pays. Sa prochaine mission devrait avoir lieu en janvier 2025, pour préparer le cadre du programme de référence. En conclusion de son propos, le Président de la BAD a appelé toutes les parties prenantes à se mettre d’accord sur un plan concret, assorti d’un calendrier précis, pour apurer les arriérés, résoudre la dette du Zimbabwe et souhaité « qu’au moins un pays se fasse le champion de l’apurement des arriérés et de la résolution de la dette. »

KOFFI-KOUAKOU Laussin

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