Microsoft met une bonne partie de l’économie mondiale à l’arrêt

Le bug informatique a touché l'aviation, des supermarchés, les télécommunications et la bourse
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C’est un scénario longtemps redouté aux allures du bug de l’an 2000. Un script digne d’un film de science-fiction, mieux, d’anticipation Hollywoodien craint par les entreprises et qui relance, encore une fois, le débat sur la digitalisation totale des procédures, dans les sphères privées comme publiques. Ce vendredi matin, les retours en rapport avec l’impact d’une panne informatique du système d’exploitation Windows sur de nombreux services et infrastructures de bon nombre d’entités du portefeuille clientèle entreprises de Microsoft circulaient à foison dans les couloirs des bureaux et sur tous les canaux de communication.

Si la firme assure que seuls ses clients entreprises sont affectés par ce bug, les particuliers prient les dieux de la Tech, afin qu’ils les épargnent de ce problème informatique qui infecte, actuellement, l’Amérique du Nord, l’Europe, l’Asie et l’Océanie. Et ce, malgré les « mesures d’atténuation » déployées par la multinationale, fondée en 1975 par Bill Gates et Paul Allen, qui célèbrera son cinquantenaire l’année prochaine, en 2025. Aux dernières nouvelles, le bug n’a pas atteint l’Afrique.

La faute à Crowdstrike ?

Cette situation serait survenue suite à un problème lors de la « mise à jour défectueuse » d’un outil du fabricant réalisée par l’entreprise de cybersécurité Crowdstrike. En début d’après-midi, la firme dirigée par Satya Nadella, cotée au Nasdaq et au bénéfice de 44.220 milliards FCFA enregistré au terme de l’exercice 2023, a fait savoir, dans un message diffusé sur son site, que « la cause sous-jacente du problème a été corrigée (…) Plusieurs applications et services Microsoft 365 ont retrouvé leur pleine fonctionnalité (…) L’impact résiduel affecte encore certains services et applications Microsoft 365 (…) Nous surveillons cela de près, pour nous assurer que nous progressons vers un rétablissement complet (…) » Souligne-t-elle.

Plutôt, en fin de matinée, George Kurtz a, de son côté, sur son compte X, rejeté toute cyberattaque. Il assure que ses équipes ont « identifié » le bug et appliqué « un correctif ». L’incident est suivie au plus haut niveau par les Etats touchés et plusieurs Agences gouvernementales de sécurité des systèmes d’information ont corroboré les propos du CEO de Crowdstrike en déclarant qu’ « aucun élément en l’état » ne pointe une cyberattaque. A midi, heure de Paris, l’action de Crowdstrike avait dégringolé de 17%. Les titres de Microsoft, quant à eux, s’étaient dépréciés d’environ 2,5%.

Des transports et des commerces frappés de plein fouet

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Ce bug a particulièrement foudroyé le secteur de l’aviation. En effet, les principales compagnies aériennes Américaines, dont Delta, United et American Airlines, ont suspendu tous leurs vols, en raison de « problèmes de communication » et des perturbations sont à prévoir, notamment à Hong Kong, aux dires d’experts et de certaines sources. En Europe, les tarmacs des aéroports internationaux de Amsterdam-Schiphol, de Berlin, de Zurich, ainsi que de « l’ensemble des aéroports Espagnols » sont bondés comme des fourrières et des retards dans l’enregistrement des passagers sont plus qu’attendus. Un porte-parole de l’aéroport de Berlin avait d’ailleurs avisé le grand public de « retards dans l’enregistrement », avant d’informer de la reprise partielle du trafic en milieu de matinée.

Depuis les premiers signes de l’incident, Transavia communique régulièrement, sur son site, la liste d’annulations, à défaut d’être en mesure, pour le moment, de donner une visibilité précise sur un éventuel retour à la normale. Aux Pays-Bas, l’aéroport d’Eindhoven, au sud du pays, et certains hôpitaux Néerlandais sont aussi lésés par ce bug.

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La compagnie low-cost Ryanair, ainsi que les compagnies aériennes Indiennes Akasa Air et SpiceJet ont également signalé des perturbations. Alors que Ryanair conseille à « tous les passagers d’arriver à l’aéroport au moins 03 heures avant l’heure de départ prévue », en parallèle, KLM adopte une posture plus radicale et suspend ses vols « en grande partie ».

En France, Air France a très vite annoncé des opérations « perturbées dans certaines escales », mais toutefois rassuré que les vols déjà en cours ne sont pas affectés, sans préciser quelles destinations étaient troublées par le bug. A 10 heures du matin, dans la ville lumière, les aéroports Parisiens semblaient ménager par ce bug planétaire.

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En revanche, la situation a « un impact sur les opérations des compagnies aériennes concernées à Paris-Charles de Gaulle et Paris-Orly : Ralentissement des enregistrements, retards et suspension temporaire de certains programmes de vols », notifie ADP, le gestionnaire d’une dizaine d’Aérodromes d’Aviation Générale (AAG) situés dans un rayon de 50 km autour de la capitale Française, dont les 02 aéroport précités. Le groupe, détenu en 2024 à 50,6% par l’État Français, à 8% par Vinci, à 7,7% par le Crédit agricole assurances et à 1,7% par l’Actionnariat salarié, affirme mobiliser ses équipes « pour orienter et assister les passagers sur place ».

Toujours dans la périphérie de l’Île-de-France, précisément à Beauvais, d’où opèrent les compagnies à bas coûts Ryanair et Wizz Air, aucun incident n’est remonté pour l’heure. Des photos publiées en ligne, très tôt ce matin, montraient de longues files d’attente à l’aéroport de Sydney, le plus grand aéroport international du pays des Kangourous.

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Les avions cloués au sol ne sont pas l’unique conséquence du bug. Au Royaume-Uni, le plus important opérateur ferroviaire redoute des potentielles annulations de dernière minute et ailleurs, chez l’ex sujet de la couronne par exemple, l’Australie – premier pays gagné par le bug – ainsi qu’aux Etat-Unis, certains terminaux de caisses libre-service et traditionnelles des plus grandes chaînes locales de supermarchés affichaient des messages d’erreur, ce qui a contraint ces grandes surfaces, en impossibilité d’encaisser des paiement digitaux, à refuser des clients.

Des écrans noirs et des communications brouillées

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Les conséquences de ce bug tentaculaire s’étendent aussi au domaine des Télécommunications et des médias. En France, la chaîne TF1 a averti, ce vendredi, que sa grille de programme habituelle sera différente. En cause, une « gigantesque panne en régie » causée par le bug. Canal + a confirmé, sur X, que plusieurs des chaînes du groupe ont arrêté d’émettre, ce vendredi noir du 19 juillet 2024. Aux États-Unis, c’est la chaîne SkyNews qui a cessé d’émettre pendant quelques heures.

Les entreprises Australiennes ont été les premières à annoncer, très tôt, être touchées par une « panne technique à grande échelle », déclare la plus haute autorité de cybersécurité du pays. ABC, la radio-télévision publique Australienne, a révélé que ses systèmes ont été paralysés par un problème « majeur ». La société de télécommunications Australienne Telstra a également déclaré que certains de ses systèmes avaient été perturbés.

Un bug qui s’en prend aussi aux bourses

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Le bug s’attaque aussi au marché boursier et met les bourses mondiales dans une position de net recul. Dérogeant à leur quotidien, les places boursières de Londres et de Milan n’ont pas affiché de taux de variation à l’heure habituelle d’ouverture (7h00 GMT) et ont commencé à coter une vingtaine de minutes plus tard. Cependant, à Milan, l’échange des actions s’est déroulé normalement, selon un porte-parole de Borsa Italiana.

Vers 9h15 GMT, Londres reculait de 0,36%, Paris de 0,38%, Milan de 0,41% et Francfort de 0,74%. Hong Kong a nettement fléchi, de 2,03%, tandis que Shanghai a grappillé 0,17%. Pour rappel, le « Troisième Plénum » s’est tenu cette semaine. Aucune solution concrète pour soutenir l’économie du Dragon d’Asie n’a émergé de la réunion du comité central du Parti Communiste Chinois (PCC).

Alors que les appréhensions concernant le secteur des semi-conducteurs, avec de possibles nouvelles restrictions Américaines contre la Chine, pèsent sur les marchés, à Tokyo, l’indice Nikkei a lâché 0,16% et le fabricant d’outils de précision pour l’industrie des semi-conducteurs Disco Corp. a chuté de 4,63% après des résultats en deçà des attentes au 1er trimestre. La veille, jeudi 18 juillet 2024, la Bourse de New York a clôturé en nette baisse, pour la deuxième séance consécutive. L’explication ? A la veille des élections présidentielles Etats-Uniennes, les incertitudes de la politique Américaine poussent les investisseurs à fuir les méga capitalisations.

Une ombre sur les JO de Paris 2024

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Ce bug, qui survient une semaine avant le démarrage de Paris 2024, entache les derniers préparatifs de ces XXXIIIèmes Olympiades. Effectivement, l’organisation des Jeux Olympiques a avoué que ses « systèmes informatiques sont perturbés ». « Nous avons activé des plans de contingences, car nos systèmes informatiques, qui tournent sur Windows, sont touchés par cette panne ». A-t-elle confessé. Si elle assure que ni la billetterie, ni les opérations de montage des sites ne sont concernées, elle reconnaît néanmoins que le système d’accréditation est altéré. En conséquence, certaines personnes ne peuvent retirer leur badge.

KOFFI-KOUAKOU Laussin

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